Emmanuel Macron présente son plan pauvreté, le 13 septembre. / MICHEL EULER / AFP

Emmanuel Macron a présenté, jeudi 13 septembre, le « plan pauvreté » du gouvernement. Pour Louis Gallois, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, il s’agit d’un « sursaut bienvenu », qui reste, toutefois, une « première étape ».

Le Monde : Quelle est votre réaction au discours d’Emmanuel Macron ?

Louis Gallois : J’ai trouvé intéressant son insistance pour simplifier le système des aides sociales au service des publics fragiles ou quand il dit que les pauvres ont leur mot à dire et ont plus à dire sur la République que beaucoup d’entre nous, tout comme son attitude vis-à-vis de la pauvreté évitant la culpabilisation.

Sur le fond, la stratégie présentée est substantielle. Il était temps, après les dix-huit mois passés où les mauvaises nouvelles se sont accumulées — baisse des emplois aidés, des aides au logement, des crédits pour les centres hébergement d’urgence, non-revalorisation des allocations familiales. Ce sursaut est bienvenu.

Que pensez-vous des mesures de cette stratégie ?

Je trouve justes les mesures de prévention de la précarité des enfants, tout comme celle sur le chômage de masse de longue durée. En 2013, j’avais proposé à François Hollande de s’attaquer à ce fléau et d’en faire une grande cause nationale. La multiplication des postes d’insertion par l’activité économique, l’accompagnement des personnes éloignées de l’emploi, tout cela est positif. Quant au revenu universel d’activité que le président de la République a annoncé, avec une loi adoptée en 2020, il est de fait renvoyé au prochain quinquennat.

Pour moi, c’est une première étape, ce qui suppose qu’il y en ait une deuxième, avec une revalorisation des minima sociaux. On ne peut pas vivre avec 500 euros par mois. A la Fédération des acteurs de la solidarité, nous proposions un revenu de base de 800 euros, pas tout de suite, mais avec une progression dans le temps. Car pour remettre les gens au travail, il faut du temps et les aider à faire face aux difficultés sociales. Il faut être ambitieux.

Quelles sont les lacunes de cette politique ?

Il y en a plusieurs, à commencer par le non-relèvement des minima sociaux et la question de l’hébergement, alors que l’on fait face à une crise avec des familles et des enfants à la rue. Le président de la République annonce 7 500 nouvelles places de centre d’hébergement pour les familles, c’est bien, mais pas à la hauteur des besoins et surtout en contradiction avec la réduction de crédit de 57 millions d’euros pour les centres d’hébergement et de réinsertion prévue en 2019. Le plan de réduction des nuits d’hôtel n’est pas assez ambitieux. La politique du logement d’abord, que nous soutenons, nécessite de construire du logement très social, ce que l’on ne fait pas assez et à des coûts trop élevés pour loger des précaires.

Dans un autre ordre d’idée, je n’ai rien vu sur la santé scolaire, un secteur en déshérence, tellement décisif pour détecter les maladies. Nous savons que les enfants issus des bidonvilles, des hôtels et des centres d’hébergement ne sont pas en bonne santé.

La mise en œuvre de cette stratégie repose largement sur les collectivités locales. A votre avis, les élus dont les relations sont tendues avec le chef de l’Etat joueront-ils le jeu ?

Tour dépend de l’argent que l’Etat met sur la table. Il est certain que nombre de départements ne feront pas plus que ce que l’Etat financera. Les lois de finances seront en fait les juges de paix sur la volonté du gouvernement.