Une jeune femme consulte la plate-forme en ligne Parcoursup, qui permet de s’orienter vers les études supérieures. / DENIS CHARLET / AFP

« On peut réfléchir » à ce que les candidats à une première année d’études supérieures classent leurs vœux d’orientation sur Parcoursup, a concédé Frédérique Vidal, vendredi 14 septembre, sur Franceinfo, avant d’ajouter qu’« une hiérarchisation a priori [en début de procédure] est absolument délétère si on veut vraiment lutter contre l’autocensure et si on veut vraiment remettre en place une égalité réelle des chances ». Des propos qui marquent une ouverture, alors que la ministre de l’enseignement supérieur s’était jusqu’ici opposée à une quelconque hiérarchisation des vœux sur la nouvelle plate-forme d’orientation vers les études supérieures. Elle en faisait l’un des marqueurs de la différence avec la procédure précédente, Admission post-bac (APB), qui demandait aux candidats de formuler des vœux jusqu’à la fin mars, puis de les classer par ordre de préférence avant la fin mai.

Les appels à réintroduire une forme de classement des vœux se sont faits plus nombreux depuis la rentrée. Car même si les comparaisons avec les chiffres de l’an dernier sont délicates, du fait des changements de procédure et de décomptes, les observateurs s’accordent à dire que Parcoursup est plus lent qu’APB : à nombre de candidats sensiblement identique, l’an dernier, 80 % avaient reçu une proposition dès l’ouverture de la plate-forme, contre un peu plus de la moitié cette année ; à la fin de la procédure principale d’APB, le 21 juillet 2017, 65 500 candidats étaient sans affectation, tandis qu’ils étaient 116 500 candidats sans proposition sur Parcoursup à la même date ; et 133 500 autres jeunes ayant reçu une proposition ne l’avaient pas définitivement acceptée  : ils espéraient qu’une place se libère dans une formation où ils étaient en liste d’attente.

Des « vœux podium »

Pour réduire les délais d’attente, les deux syndicats hostiles à la réforme de Parcoursup, l’UNEF (2e organisation étudiante) et le Snesup-FSU (qui représente les personnels de l’enseignement supérieur) ont jugé « indispensable » de revenir à la hiérarchie des vœux. La Conférence des présidents d’université recommande également de prévoir un classement des vœux, « peut-être après le bac », fin juin. Quant aux deux syndicats qui ont soutenu la création de Parcoursup, la FAGE (1re organisation étudiante) et le SGEN-CFDT, ils ont demandé mercredi à la ministre d’être « plus ouverte » sur cette question, et proposé de réintroduire la hiérarchisation « exclusivement » durant la phase complémentaire de Parcoursup, qui se déroule cette année du 26 juin au 21 septembre, et permet aux candidats de postuler dans les formations ayant encore des places disponibles.

L’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche préconise de son côté de conserver l’esprit de la réforme, en laissant aux candidats le soin de trancher parmi les propositions qui leur ont été faites, selon l’agence spécialisée AEF. Mais elle estime que ce « n’est pas contradictoire avec des dispositions qui permettraient d’accélérer le processus de choix », et propose que chaque candidat puisse identifier, sur la plate-forme et sans que les établissements en aient connaissance, deux ou trois « vœux podium » (leurs vœux préférés), dès le début de la procédure. S’ils reçoivent une proposition d’admission sur l’un de ces « vœux podium », ils pourraient conserver les autres « vœux podium » en attente, mais devraient abandonner tous leurs autres vœux.

Ces différentes suggestions ont finalement été entendues. « Sur la hiérarchisation, j’ai dit qu’on ne reviendrait pas sur une hiérarchisation initiale dès le processus, mais un comité » rendra ses conclusions « à la fin du mois et cela me permettra d’annoncer des modifications », a encore précisé Frédérique Vidal vendredi sur Franceinfo.

A noter que si Parcoursup s’est révélé plus lent qu’APB, il s’est avéré plus efficace pour formuler des propositions qui satisfont les candidats : ainsi au 21 juillet, 459 000 candidats avaient accepté une proposition par un « oui définitif », alors qu’ils n’étaient que 373 000 candidats sur APB l’an dernier à la même date.

« Moins de 2 500 » bacheliers 2018 encore en recherche d’une place

Au 14 septembre, la ministre a fait état d’un peu « moins de 2 500 » bacheliers encore en recherche active d’une place dans le supérieur. Selon les derniers chiffres complets transmis par le ministère, qui remontent à la fin de la procédure principale de Parcoursup, le 5 septembre, 7 745 candidats (dont 3 645 bacheliers 2018) n’ayant reçu aucune réponse favorable à leurs demandes demeuraient « actifs », ce qui signifie qu’ils avaient fait des vœux en procédure complémentaire (où seules sont accessibles les formations ayant des places disponibles) ou avaient demandé, dans les délais impartis, à être accompagnés par la commission d’accès à l’enseignement supérieur de leur académie. S’y ajoutaient 39 500 jeunes toujours inscrits sur la plate-forme et demeurés sans proposition, mais jugés « inactifs ». Cette catégorie des « inactifs », que le ministère a créée le 23 juillet, est contestée par les syndicats opposés à la réforme Parcoursup. C’est d’ailleurs celle qui a le plus diminué sur la période, passant de 56 000 à 39 500 candidats.

L’an dernier sur Admission post-bac, au 17 août, la phase normale s’était d’ores et déjà achevée. Parmi les 65 000 candidats sans propositions à la fin juillet, 44 000 avaient obtenu une proposition, 6 000 inscrits en procédure complémentaire demeuraient sans proposition (parmi lesquels 4 400 bacheliers 2017, principalement issus des filières technologique et professionnelle), et 11 000 s’étaient « évaporés », soit qu’ils aient renoncé à poursuivre des études, soit qu’ils aient décidé de rejoindre une formation en dehors d’APB (ils n’avaient pas, comme cette année, l’obligation de démissionner de la plate-forme pour s’inscrire ailleurs).