Emmanuel Macron et Agnès Buzyn, le 13 septembre à Paris. / POOL / REUTERS

Une batterie de 54 mesures, 400 millions d’euros supplémentaires en 2019, une loi santé annoncée pour le début de l’année prochaine… Les grandes lignes de la « stratégie de transformation du système de santé », attendue depuis des mois par tous les acteurs du système de soins, ont été dévoilées lundi 17 septembre, à la veille de leur présentation officielle par le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, et la ministre de la santé, Agnès Buzyn. Ces mesures – a priori plutôt consensuelles – seront-elles pour autant suffisantes pour répondre à toutes les impatiences et à toutes les colères d’un monde de la santé régulièrement jugé « à bout de souffle » ?

  • 400 médecins salariés

C’est l’une des mesures les plus immédiates du plan : 400 médecins généralistes vont être salariés par des centres hospitaliers de proximité ou des centres de santé situés dans les « déserts médicaux ». Une opération similaire à celle récemment menée en Saône-et-Loire, où le conseil départemental a recruté et réparti dans tout le département une trentaine de médecins salariés. A l’Elysée, on souligne que si la coercition réclamée par certains élus et rejetée avec force par les syndicats de médecins libéraux est une « fausse bonne idée qui découragerait des vocations », on laisse planer la menace d’y recourir d’ici la fin du quinquennat si les médecins libéraux ne prenaient pas d’ici là une « responsabilité collective » sur ce sujet.

  • Création de 4 000 postes d’assistants médicaux

Sur le modèle des assistants dentaires, des assistants médicaux, présentés comme des « aides-soignants de ville », viendront demain épauler les médecins généralistes ou spécialistes. Leur rôle sera notamment d’aider à préparer les patients pour la consultation (notamment les personnes âgées), de décharger le médecin d’actes simples comme une prise de tension ou de température, ou le suivi des rendez-vous. Un dispositif qui devrait permettre au médecin de gagner 25 à 30 % de temps médical. Le gouvernement prévoit de financer 4 000 postes de ce type dès 2019, soit un gain de temps équivalent à près de 2 000 médecins supplémentaires à condition que les praticiens qui solliciteront cette aide se regroupent au sein de cabinets de groupe.

  • Mise en place de communautés professionnelles de santé de territoire (CPTS)

Le gouvernement souhaite obliger les médecins libéraux à s’organiser entre eux et annonce que l’exercice isolé – qui concerne aujourd’hui encore plus de la moitié des médecins – ne sera plus possible d’ici 2022. D’ici le 1er janvier 2021, des communautés professionnelles devront mailler tout le territoire afin que les médecins puissent répondre aux « urgences de ville » non vitales tous les jours jusqu’à 20 heures et ainsi alléger des urgences hospitalières embolisées. Objectif, selon l’Elysée : parvenir au déploiement d’au moins 1 000 CPTS d’ici 2022.

  • Le numerus clausus supprimé dès la rentrée 2020

Le numerus clausus, qui limite le nombre d’étudiants admis en deuxième année d’études de médecine, de sages-femmes, d’odontologie ou de pharmacie, sera supprimé à la rentrée 2020. Reconnaissant que la fin du numerus clausus « ne réglera pas le problème de la démographie médicale », la ministre de la santé, Agnès Buzyn, justifie cette mesure par le besoin d’« arrêter le gâchis humain ». Le numerus clausus sera remplacé par des examens qui sanctionneront le passage en deuxième année puis en troisième.

  • Une redéfinition de la carte hospitalière

Le chef de l’Etat devrait annoncer la mise en place d’une gradation des activités des établissements : soins de proximité, soins spécialisés et soins ultra-spécialisés. Même si aucun hôpital de proximité ne devrait fermer, des activités devront fermer à certains endroits, par exemple quand des plateaux techniques sous-utilisés « deviennent dangereux » ou que « l’absence d’un médecin qualifié ne permet pas de sécuriser ». Les 600 plus petits établissements seront « réorientés sur des priorités » comme la gériatrie, la rééducation, l’imagerie, la biologie ou la télémédecine. Un nouveau statut d’hôpital de proximité sera créé à cette fin.

  • Une évolution du financement des hôpitaux

L’enveloppe récompensant la qualité des soins sera portée de 60 à 300 millions d’euros dès l’an prochain. Des financements au forfait vont être mis en place dès 2019 pour deux pathologies chroniques : le diabète et l’insuffisance rénale chronique. « Il n’y aura plus de paiement à chaque consultation, mais un forfait pour solde de tout compte, charge à l’hôpital de faire en sorte que ses patients n’aient pas besoin de revenir vingt fois », fait-on valoir à l’Elysée, où l’on explique avoir « mobilisé toutes les sociétés savantes pour calibrer le plus possible le parcours de soin idéal ».