Le vice-président, slovaque, de la Commission européenne en charge de l’énergie, Maros Sefcovic, le 1er juillet 2015. / ERIC VIDAL / REUTERS

Les candidats à l’investiture du parti socialiste européen pour briguer le poste de président de la Commission ont jusqu’au 18 octobre pour déposer leur candidature. La désignation du « spitzencandidate » (tête de liste) devrait avoir lieu lors d’un congrès du Parti socialiste européen (PSE), à Lisbonne les 7 et 8 décembre prochains, un mois après la nomination de la tête de liste du Parti populaire européen (PPE), le rassemblement des droites de l’Union. L’Allemand Manfred Weber, pour l’instant seul candidat, semble bien placé pour gagner cette investiture.

Le PSE est en petite forme, à l’image des partis socialistes nationaux, tous en recul, voire en voie de disparition dans la plupart des pays d’Europe (à l’exception de l’Espagne, du Portugal ou de la Suède, où les socialistes ont résisté lors des dernières législatives). En outre, le parti paneuropéen va perdre ses 20 élus du Labour britannique au Parlement de Strasbourg à la suite du Brexit qui doit être effectif dès le 29 mars 2019. C’est un autre coup dur en prévision des élections européennes, alors que le PSE n’est plus tout à fait assuré de rester la deuxième force politique à Bruxelles.

Est-ce la raison pour laquelle les candidats pour en assurer sa « tête de liste » ne se bousculent pas ? Durant l’été, une conversation entre quelques dirigeants européens – entre autres, Sergueï Stanichev, le président du Parti socialiste européen, Udo Bullmann, président du groupe socialiste au Parlement de Strasbourg ou encore le Français Olivier Faure – n’a pu qu’acter la difficulté à identifier une tête de liste.

Parmi les candidats évoqués  :

  • Le slovaque Maros Sefcovic a confirmé officiellement, lundi 17 septembre, qu’il briguait la présidence de la Commission européenne en remplacement de Jean-Claude Juncker, dont le mandat s’achève en novembre 2019, quelques mois après les élections européennes. Actuellement vice-président de la commission en charge de l’Union de l’énergie, ce diplomate de 52 ans est le premier de la famille sociale-démocrate, toujours deuxième force politique du Parlement européen, à se lancer dans la course à l’investiture pour être « tête de liste » de sa famille politique. Il a déclaré lundi matin vouloir « combattre la mentalité des fils barbelés », faisant référence à sa jeunesse derrière le rideau de fer.

D’autres candidats potentiels, mais pour l’instant écartés :

  • Le Belge Paul Magnette aurait pu obtenir un consensus. Ancien ministre-président de la Wallonie et figure de la résistance d’une certaine gauche à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, le CETA, il est aussi le maire de Charleroi et entend bien se faire réélire à ce poste le 14 octobre. Il n’entend toutefois pas réorienter sa carrière vers l’Europe en ce moment. Il ne peut cumuler les mandats et vise plutôt la succession d’Elio Di Rupo à la tête du PS francophone belge. Il a d’ailleurs décliné l’offre surprenante du PS français, qui proposait de lui confier la tête de sa liste.
  • Federica Mogherini, l’actuelle haute représentante pour la diplomatie européenne, a annoncé qu’elle ne briguerait pas un deuxième mandat. La nouvelle configuration politique dans son pays, l’Italie, est, en effet, plus que défavorable à cette sociale-démocrate, par ailleurs en délicatesse, aujourd’hui, avec Matteo Renzi, le leader du Parti démocrate. Elle viserait une carrière dans une institution internationale.
     
  • Le premier vice-président de la Commission Juncker, Frans Timmermans, hésite à se profiler. Le Néerlandais aurait obtenu l’accord de Mark Rutte, le premier ministre libéral néerlandais, pour rester à Bruxelles. C’était, toutefois, avant que M. Rutte songe lui-même à une carrière européenne : beaucoup le décrivent désormais comme un candidat sérieux à la succession du polonais Donald Tusk, à la tête du Conseil européen. Et, dans cette hypothèse, il n’y aurait pas de place pour deux Néerlandais à une très haute fonction. Autre handicap pour M. Timmermans : sa formation, le Parti du travail (PVDA) subit le même sort que son homologue français et est, désormais, quasiment rayée de la carte. Enfin, son profil de gestionnaire, issu d’un pays partagé entre l’euroscepticisme et le rejet de tout projet fédéral, ne le favorise pas aux yeux des socialistes du sud.
     
  • L’actuel commissaire à l’économie, le Français Pierre Moscovici, qui n’aurait pas écarté l’idée de se présenter lui aussi pour remplacer M. Juncker, peut revendiquer un bilan plutôt bon à son poste, où il s’est distingué dans la gestion de la crise grecque et a beaucoup travaillé pour limiter l’évasion fiscale dans l’Union (proposition d’une liste noire européenne des paradis fiscaux et d’une standardisation de l’impôt sur le revenu). Mais le manque de soutien, jusqu’à présent, des socialistes français, constitue son principal handicap.