Hans-Georg Maassen, président de l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), à Berlin, le 12 septembre. / BERND VON JUTRCZENKA / AFP

Très critiqué pour avoir publiquement douté de l’existence de « chasses à l’homme » racistes à Chemnitz (Saxe), soupçonné de complaisance à l’égard du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), le patron du renseignement allemand, Hans-Georg Maassen, a été démis de ses fonctions mardi 18 septembre.

A l’issue d’une rencontre entre la chancelière et ses partenaires de la CSU bavaroise et du Parti social-démocrate (SPD), le gouvernement a annoncé que Hans-Georg Maassen ne dirigerait plus les renseignements intérieurs. Soutenu jusqu’au bout par son ministre, le Bavarois Horst Seehofer (CSU), qui a salué ses « compétences », il est toutefois nommé secrétaire d’Etat au ministère de l’intérieur.

Ce responsable de 55 ans était dans la tourmente depuis le 7 septembre : il avait alors démenti l’existence de « chasses collectives » d’étrangers, dénoncées par Angela Merkel après des manifestations contre les migrants à l’appel de l’extrême droite à Chemnitz. Il avait aussi assuré qu’une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux à ce sujet était fausse, alors que cette dernière avait été authentifiée et relayée par les principaux médias du pays.

Liens supposés étroits avec l’AfD

Le chef de l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV) est également épinglé pour des liens supposés trop étroits avec le parti d’extrême droite AfD, qui a fait son entrée en force en 2017 à la chambre des députés en se nourrissant des craintes suscitées par l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile depuis 2015.

La presse l’accuse d’avoir transmis à ce mouvement des informations confidentielles. Ce que M. Maassen a formellement démenti. Il a été jusqu’au bout soutenu par le ministre de l’intérieur, lui-même entré en rébellion avec la politique migratoire de Mme Merkel.

Le chef du renseignement était, en revanche, l’objet d’attaques virulentes de l’autre membre de la « grande coalition », le SPD. « Mme Merkel doit à présent clarifier la situation du gouvernement. M. Maassen doit partir, et je vous dis qu’il partira », avait lancé au cours du week-end la cheffe du SPD, Andrea Nahles, qui a participé à la réunion de mardi autour de Mme Merkel. Pour l’AfD au contraire, M. Maassen était la cible des « grands partis » uniquement parce qu’il a critiqué la politique migratoire du gouvernement.

Sur le plan politique, la crise ouverte autour de M. Maassen n’a été qu’une nouvelle illustration de l’affaiblissement politique croissant de la chancelière, dont le mandat en cours à la tête du gouvernement s’annonce comme le dernier.

Sa coalition a connu les pires difficultés à voir le jour. Et Angela Merkel apparaît depuis continuellement tiraillée entre le SPD, entré à reculons au gouvernement, et la CSU qui ne cesse de contester sa politique migratoire. Ce parti bavarois a les yeux rivés sur des élections régionales prévues pour le 14 octobre dans cet Etat régional puissant : concurrencé par l’AfD, il pourrait y perdre la majorité absolue.