La justice examine, mardi 18 septembre, dans l’Indre, la première demande de liberté conditionnelle de Jean-Claude Romand, condamné à la perpétuité pour le meurtre de sa famille en 1993. La décision ne devrait pas être connue mardi, mais mise en délibéré.

Jean-Claude Romand, surnommé le « docteur Romand » parce qu’il était parvenu pendant dix-huit ans à mentir à son entourage, en se faisant passer pour un médecin de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avant d’assassiner cinq membres de sa famille, a été condamné à la perpétuité en 1996.

Aujourd’hui âgé de 64 ans, ayant purgé sa peine de sûreté de 22 ans, il est théoriquement libérable depuis 2015. Sa demande doit être examinée à la maison centrale de Saint-Maur (Indre) où il est incarcéré, lors d’une audience en sa présence, celle de son avocat, Me Jean-Louis Abad, qui l’avait défendu à son procès en 1996, d’un représentant du parquet et d’une juge d’application des peines.

« Pathologie narcissique »

Décrit à son procès par les psychiatres comme un « mythomane » atteint « d’une pathologie narcissique », le faux médecin vivait en escroquant des proches, dont son père, qui lui avaient confié leurs économies pour, disait-il, les placer en Suisse.

Alors que la vérité menace d’éclater, le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand tue de sang froid sa femme, sa fille de 7 ans et son fils de 5 ans à Prévessin-Moëns (Ain), puis ses parents à Clairvaux-les-Lacs (Jura), le lendemain. Il rentre chez lui, met le feu à sa maison, avale des barbituriques, et rate son suicide.

Sollicité par l’AFP, son avocat a choisi d’observer une « ligne de conduite » stricte, en refusant de communiquer pour protéger son client. Cette demande de libération a fait l’objet d’un long travail de préparation, affirme une source proche du dossier. Le comportement de Jean-Claude Romand à Saint-Maur joue en sa faveur, il a notamment accepté un travail en prison. C’est un détenu qui « ne pose aucun problème, tout à fait gérable » et qui n’a « pas de passé disciplinaire », avait indiqué l’administration pénitentiaire à l’AFP début septembre.

Mais comme pour n’importe quel détenu, « la question numéro 1 est : est-ce qu’il peut être un danger pour la société s’il sort, et est-ce qu’il a compris le sens de sa peine ? », avait souligné l’administration. Sa personnalité appelle la vigilance : « Il a pu cacher son histoire toutes ces années, il n’est pas impossible que pour sa demande, il monte un scénario tout beau, tout rose, vu le manipulateur qu’il est », commente cette source.

Les crimes de Jean-Claude Romand ont inspiré la littérature, le cinéma et la télévision. L’adversaire, de l’écrivain Emmanuel Carrère (2000), a notamment été adapté au cinéma en 2002 par Nicole Garcia, avec Daniel Auteuil.