Valérie Pécresse à Brive-La-Gaillarde le 24 août. / JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCHPOLITICS POUR LE MONDE

« C’était chaud », souffle un participant. D’ordinaire plutôt apaisée depuis l’élection de Laurent Wauquiez comme président des Républicains (LR), en décembre 2017, la réunion du bureau politique du parti a été le théâtre, mardi 18 septembre, d’une passe d’armes autour du cas du premier ministre hongrois, Viktor Orban.

Ce dernier fait l’objet d’une procédure de sanctions de la part de l’Union européenne à la suite du vote par le Parlement européen, le 12 septembre, d’une résolution dénonçant les « risques de violation grave de l’Etat de droit » dans son pays. Texte que les eurodéputés LR n’ont, dans leur majorité, pas approuvé, choisissant de voter contre ou de se réfugier dans l’abstention.

« Ce vote a jeté un doute sur la position de LR vis-à-vis d’Orban et de son attitude concernant les libertés publiques », s’est émue Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France. En conséquence, la rivale de M. Wauquiez au sein de la droite a demandé une « clarification » de son parti pour rappeler qu’une « politique contre l’Etat de droit ne sera jamais la [sienne] ».

« Il ne faut pas agiter de faux épouvantails », lui a rétorqué M. Wauquiez, mettant en doute l’impartialité de la résolution votée au Parlement européen, rédigée par une eurodéputée écologiste. « Le sujet, ce n’est pas Orban, le sujet c’est l’Europe. A Menton [en juin, lors du conseil national de LR], nous avons pris des engagements proeuropéens », a poursuivi le président du parti de droite. Qui a toutefois précisé : « S’il y avait des atteintes à l’Etat de droit en Hongrie, ce serait inacceptable. »

« Il n’y a pas de délit d’opinion »

Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes soutient le premier ministre hongrois — dont le parti est membre du PPE (Parti populaire européen), comme LR — dans sa volonté d’imposer une politique anti-immigration au sein de l’Union européenne. « Orban a été largement élu démocratiquement », a souligné de son côté Brice Hortefeux, soutien de M. Wauquiez. « Comme Erdogan ! », le président turc, lui a répondu Mme Pécresse.

Cette dernière a également réclamé que le jeune (et médiatique) militant Erik Tegnér, qui souhaite se présenter à la présidence des jeunes Républicains, soit déclaré démissionnaire d’office en raison de son soutien à une alliance avec le Rassemblement national (RN, ex-Front national). M. Wauquiez s’est contenté de répéter son opposition à tout accord de ce type. Le matin même, lors de la réunion de direction de son parti, le président des Républicains s’était refusé à jeter l’opprobre sur ce partisan de l’union des droites. « Il n’y a pas de délit d’opinion », avait-il lâché.

Le président Wauquiez a en revanche mis en cause Valérie Pécresse et son bras droit, Maël de Calan, pour leur présence à une réunion de juppéistes à Bordeaux, le 8 septembre, au côté de Gilles Boyer, conseiller du premier ministre, Edouard Philippe.

« Nous avons voulu poser des petits cailloux. On se bat pour des valeurs, notre parti est républicain », soutient M. de Calan pour expliquer la démarche de Mme Pécresse lors de ce « BP ». Sébastien Pilard, un proche de Laurent Wauquiez, fustige au contraire l’expression de « deux trois personnes qui passent beaucoup de temps sur les matinales pour créer de la discorde ». « La plupart des gens qui s’expriment sur Orban n’ont jamais mis les pieds en Hongrie », critique-t-il. Une chose est certaine : ils appuient sur la ligne de fracture d’un parti écartelé à quelques mois des élections européennes de mai 2019.