Vue de l’Assemblée nationale, le 12 septembre. / GONZALO FUENTES / REUTERS

Ils ne sont plus que huit candidats sur la ligne de départ. Mardi 18 septembre, les députés La République en marche (LRM) élisent le successeur de Richard Ferrand à la présidence de leur groupe. Un scrutin qui s’annonce serré tant aucune candidature ne s’impose d’elle-même. Profil des différents concurrents.

  • Laetitia Avia

« Une jeune femme que rien ne prédestinait à entrer dans ce lieu. » Ainsi le premier ministre Edouard Philippe présenta-t-il la députée de Paris, 32 ans, en ouverture de son discours de politique générale le 4 juillet 2017. Première à se lancer dès lundi dernier dans la course à la succession de Richard Ferrand, Laetitia Avia avait incarné, pendant la campagne, le renouveau voulu par Emmanuel Macron. Jamais encartée, cette fille d’immigrés togolais avait été admise à Sciences Po par le biais des filières favorisant l’admission d’élèves venus des quartiers d’éducation prioritaire. Elle est devenue avocate spécialisée dans le contentieux des affaires. En un an elle a été une députée mobilisée pour défendre les rangs de La République en marche au sein de la commission des lois, sans coup d’éclat. Elle est également membre du bureau exécutif de LRM après avoir fait activement campagne pour la candidature de Christophe Castaner.

  • Brigitte Bourguignon

C’est la plus expérimentée des candidats. La députée du Pas-de-Calais en est à son deuxième mandat au Palais Bourbon après cinq premières années dans les rangs du Parti socialiste. Après avoir rallié Macron, cette quasi sexagénaire a décroché la présidence de la commission des affaires sociales. Elle s’y est distinguée en s’alarmant à de nombreuses reprises de l’absence de « jambe sociale » de la politique gouvernementale. Depuis un an elle réunit régulièrement une petite troupe de députés partageant cette sensibilité. Mais tout en incarnant l’aile gauche de la majorité, la native de Boulogne-sur-Mer a veillé à se tenir à l’écart de toute forme de fronde. « Sa voix n’a jamais manqué à aucun texte contrairement à d’autres » souligne un membre du gouvernement. Mais pour d’autres elle incarne trop une sensibilité de gauche pour garantir le « en même temps » macroniste.

  • Jean-Charles Colas-Roy

Dans la campagne pour la présidence de l’Assemblée nationale, le député de l’Isère avait soutenu Barbara Pompili contre Richard Ferrand. Sa candidature à la tête du groupe s’inscrit dans la continuité de cette démarche. Début juillet, dans les colonnes du Monde il appelait le gouvernement à mener des réformes « plus ambitieuses » dans le domaine social et environnemental. Ancien membre du Parti socialiste, 40 ans, il est investi sur les dossiers énergétiques. Il avait été rapporteur du projet de loi Hulot sur les hydrocarbures à l’automne 2017.

  • Perrine Goulet

Candidate surprise, la députée de la Nièvre, 40 ans est une élue discrète, membre de la commission des finances. Venue de la société civile, elle était manager puis gestionnaire de projets dans une centrale nucléaire. Fin mars 2018 elle était au cœur d’une polémique après avoir évoqué la possibilité de « tirer » sur des militants de Greenpeace en cas d’actions militantes conduisant à une tentative d’intrusion dans une centrale nucléaire. L’ONG a déposé plainte pour « incitation au meurtre ».

  • Gilles Le Gendre

Depuis quelques mois, le vice-président du groupe LRM apparaissait de plus en plus comme le second de Richard Ferrand, et son successeur naturel. Jugé « consensuel », « il est le mieux préparé pour le job » estime l’un de ses partisans. Mais cet ancien journaliste notamment au Nouvel économiste, à L’Expansion et à Challenge, dont il a été directeur de la rédaction, pourrait pâtir d’incarner la « filiation » de Richard Ferrand alors que les députés appellent à des changements dans la gestion du groupe. A 60 ans, celui qui a aussi été l’ancien directeur de la communication de la Fnac avait triomphé face à Nathalie Kosciusko-Morizet et Henri Guaino lors des législatives de 2017.

  • Roland Lescure

En un an, ce néodéputé de 51 ans s’est imposé comme une figure respectée à la tête de la commission des affaires économiques, tant dans la majorité que l’opposition. Vanté comme un véritable « manager » par ses soutiens, il a pour lui d’avoir été numéro 2 d’un fond de pension québécois. Elu député des Français d’Amérique du Nord, il retourne dans la Belle province une fois par mois. Celui qui est aussi le petit frère de Pierre Lescure lorgnait depuis de longs mois sur le projet de loi Pacte, dont il est le rapporteur général. Sa faiblesse ? « Personne ne le connaît en dehors de sa commission, il prend peu la parole en réunion de groupe » disent ceux qui ne voteront pas pour lui.

  • Amélie de Montchalin

Elle fait parte de ces trentenaires qui ont émergé comme des talents de la Macronie, mobilisée à l’Assemblée comme dans les médias. Sur le papier c’est une figure de la société civile, ancienne cadre supérieur chez Axa. En réalité elle a toujours travaillé sur les politiques publiques. Elle avait envoyé des contributions au programme économique d’Alain Juppé en vue de la primaire de la droite de 2016. Neuf ans avant, elle était stagiaire auprès de Valérie Pécresse, à l’Assemblée puis au ministère de l’Enseignement supérieur. Dans la majorité elle s’est imposée comme cheffe de file des marcheurs à la commission des finances, respectée pour son expertise en matière budgétaire. Mais elle est parfois jugée trop « techno », autoritaire et trop proche de Bercy. « Clivante » disent ses opposants.

  • Rémy Rebeyrotte

La candidature du député de Saône-et-Loire à la présidence du groupe en a surpris plus d’un. A 52 ans, Rémy Rebeyrotte a un parcours aux antipodes de celui de ses collègues marcheurs. Conseiller général, maire, président de communauté de commune puis député. Son parcours est celui d’un élu local PS, parti qu’il a quitté en 2012, année de sa première candidature aux législatives. Bourguignon, il est arrivé à En marche dans le sillage du sénateur François Patriat, rallié à Emmanuel Macron.