La Corée du Nord va fermer son site d’essai de missiles de Tongchang-ri, a annoncé mercredi le président sud-coréen Moon Jae-in après le sommet à Pyongyang. / JUNG YEON-JE / AFP

La visite aux Etats-Unis du président sud-coréen Moon Jae-in et sa rencontre attendue au plus tard le 24 septembre avec son homologue américain Donald Trump s’annoncent déterminantes pour l’avenir de la péninsule coréenne. Car M. Moon arrivera avec « des mesures concrètes pour la dénucléarisation » décidées par la Corée du Nord et annoncées mercredi 19 septembre au terme de deux journées d’intenses discussions à Pyongyang entre le président du Sud et le dirigeant Kim Jong-un.

Au cours d’une conférence de presse suivant la signature de différents accords à Baekhwawon, la luxueuse résidence des hôtes étrangers de la Corée du Nord, Moon Jae-in a signalé que la Corée du Nord allait arrêter de manière permanente du site nucléaire de Yongbyon, qui abrite l’unique réacteur du pays et des installations de recherche sur l’atome, « à condition que les Etats-Unis adoptent des mesures équivalentes dans l’esprit de la déclaration américano-nord-coréenne du 12 juin », adoptée au terme du premier sommet de l’histoire entre dirigeants nord-coréen et américain. De même, le pas de tirs de missiles de Tongchang-ri devrait être stoppé, et ce en présence d’inspecteurs internationaux.

C’est la première fois que la Corée du Nord se montre aussi déterminée sur la dénucléarisation, a pu constater Moon Jae-in qui a souligné la volonté des deux Corées de faire de la péninsule une « terre de paix sans armes nucléaires et sans menace nucléaire ».

Reste à savoir si ces décisions convaincront Donald Trump. Depuis sa rencontre du 12 juin avec Kim Jong-un, les négociations sur la dénucléarisation sont dans l’impasse notamment car Washington attend des mesures concrètes dans ce sens. Les annonces de Pyongyang pourraient les relancer et faciliter la tenue d’un nouveau sommet américano-nord-coréen, souhaité par Kim Jong-un dans un courrier adressé début septembre à Donald Trump et que M. Moon devrait appuyé. Se posera alors la question d’une déclaration officielle de la fin de la Guerre de Corée (1950-1953), voire de la levée des sanctions économiques imposées à Pyongyang.

Une visite de Kim Jong-un à Séoul « dans un avenir proche »

En attendant, MM. Moon et Kim se sont réjouis des avancées obtenues. « Nous avons planté les graines de la paix et elles ont porté leurs fruits », s’est félicité Moon Jae-in. Soulignant la force des engagements à même de « faire passer une nouvelle étape aux relations entre le Nord et le Sud », M. Kim a parlé de son côté d’une « avancée vers une ère de paix et de prospérité dans la péninsule » et promis de se rendre à Séoul « dans un avenir proche », une visite historique qualifiée de « tournant dans l’histoire de la Corée » par Moon Jae-in.

Outre les questions nucléaires, les deux voisins ont signé un accord dans le domaine militaire devant permettre de réduire les risques de confrontation et de guerre dans la péninsule. Cet accord était attendu. Le 13 septembre, les militaires des deux pays s’étaient retrouvés pour faire avancer les discussions. La Maison Bleue, la présidence sud-coréenne, avait laissé entendre avant le début du sommet qu’il ne restait que « quelques points d’achoppement » pour y parvenir. Des postes avancées dans la zone démilitarisée (DMZ) seront supprimés d’ici décembre et des zones tampons seront établies le long de la DMZ et des frontières maritimes pour éviter les risques de confrontation.

De même, MM. Moon et Kim prônent la relance des visites au site touristique nord-coréen du mont Kumgang, de l’aide humanitaire, d’une intensification des réunions des familles séparées par la Guerre de Corée (1950-1953) et veulent faire avancer la connexion des réseaux ferroviaires et routiers des deux pays avant la fin de l’année, un projet qui tient particulièrement à cœur à M. Moon. les deux dirigeants envisagent même de présenter une candidature pour organiser les Jeux olympiques d’été de 2032.

Ces annonces ont été formulées au terme de deux journées de discussions à Pyongyang, théâtre du 18 au 20 septembre du troisième sommet intercoréen de 2018. Coïncidence ou non, elles interviennent treize ans exactement après la déclaration du 19 septembre 2005 « sur l’avancement des relations intercoréennes ». La Corée du Nord avait alors accepté renoncer à ses ambitions nucléaires en échange de garantie pour la sécurité et un approvisionnement en énergie et une aide économique.

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