4 000 postes d’assistants médicaux seront financés d’ici à 2022 dans le cadre du plan santé annoncé, mardi 18 septembre, par Emmanuel Macron. / Elodie Chrisment/Hans Lucas pour Le Monde

« Nous devons continuer à décharger les médecins d’actes qui peuvent être faits par d’autres », a encouragé Emmanuel Macron, mardi 18 septembre, lors de la présentation de son plan santé. Dans cette optique, le président de la République a annoncé la création de 4 000 postes d’assistants médicaux à l’horizon 2022, destinés à aider les médecins pour leur libérer du temps médical.

Plusieurs organisations d’infirmiers ont exprimé leurs inquiétudes de voir naître des postes d’infirmiers « low cost » subordonnés aux médecins. L’Ordre des infirmiers a ainsi dénoncé dans un communiqué « un grave retour en arrière vers une médecine d’un temps révolu ». La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), qui avait proposé cette nouveauté, se veut de son côté rassurante :

« Il s’agit bien d’un tout nouveau métier. Il n’est pas question d’avoir des infirmiers sur ce type de fonction, comme cela a pu être laissé entendre. »

« Calqué sur le rôle des assistants dentaires »

S’ils feront bien partie des « professionnels de santé », ils se verront confier « des tâches très simples, ne nécessitant pas d’avoir une connaissance médicale », explique le docteur Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Il s’agira d’effectuer l’accueil, le secrétariat (prise de rendez-vous, constitution d’un dossier, vérification des vaccinations et des dépistages effectués), d’aider le médecin dans la phase de préconsultation (installer, peser, mesurer un patient ou prendre sa tension).

Après avoir suivi une formation complémentaire, les secrétaires médicaux et aides-soignants pourraient également prétendre à ce poste

Ce type d’assistant existe déjà en orthoptie, ophtalmologie, radiologie et surtout en dentaire. « Nous avons calqué le rôle des assistants médicaux sur celui déjà existant des assistants en cabinet de chirurgien dentaire », explique Jean-Paul Ortiz. Leur formation se fera « en un an maximum, dès la sortie du bac », selon la CSMF, alors que les infirmiers ont un diplôme bac + 3. Après avoir suivi une formation complémentaire, les secrétaires médicaux et aides-soignants pourraient également prétendre à ce poste, ajoute Jean-Paul Ortiz.

« Le contenu des enseignements est déjà défini », indique-t-il. Il comporterait l’apprentissage des gestes tels que définis dans le détail de la mission mais aussi, par exemple, des notions de nettoyage et de stérilisation de matériel, pour les assistants qui exerceraient dans des cabinets de dermatologie ou de stomatologie.

Ces assistants médicaux seront salariés du cabinet et non de la Sécurité sociale mais, pour encourager les médecins à embaucher, l’Etat prendra en charge, sous conditions, une partie du salaire, lequel devrait être fixé lors de la concertation qui débute. Emmanuel Macron a évalué le coût moyen annuel – charges comprises – d’un tel assistant à 50 000 euros, et annoncé le financement de 4 000 postes d’ici à 2022. « De façon raisonnable, on peut penser qu’en 2019, on peut créer déjà dans les 500 postes », espère Jean-Paul Ortiz.

Crainte d’« une pression au rendement »

Face à l’annonce de ce nouveau métier, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) se montre prudente. « Si cela permet de libérer du temps médical, c’est évidemment très positif pour nous. Mais il ne faudrait pas que cela pousse à augmenter la pression au rendement qu’on met sur les médecins pour qu’ils effectuent toujours plus d’actes », souligne sa présidente, Clara Bonnavion.

Faire gagner aux médecins « entre 15 et 20 % du temps médical »

Le plan santé demande en effet aux médecins, pour bénéficier de l’aide à l’emploi d’un assistant médical, d’exercer au sein d’un cabinet de groupe et d’« apporter un bénéfice mesurable à la population en termes d’accès aux soins et de qualité des soins, notamment en augmentant le nombre de patients suivis ». Une contrepartie que la CSMF juge « logique, puisqu’une partie du financement est collectif », et qui doit être précisée lors de la négociation qui s’engage. Ces nouveaux professionnels de santé pourraient faire gagner aux médecins, selon Emmanuel Macron, « entre 15 et 20 % du temps médical ». Jean-Paul Ortiz estime que chaque praticien pourra « prendre en charge 10 % de patients en plus. Aujourd’hui, chaque généraliste suit environ 1 000 patients en tant que médecin traitant ; s’il peut en suivre 1 100 désormais, ce sera très significatif pour la population. »

Du côté des étudiants infirmiers, on déplore qu’« un parallèle a été fait » entre le poste d’assistant médical et la création du diplôme d’infirmier en pratique avancée (IPA), annoncée en juillet. « Ils ont été présentés tous les deux comme une aide pour libérer du temps médical, mais les deux métiers et les compétences qu’ils demandent n’ont rien de semblable », note Ludivine Gauthier, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FnesiI). Le titre d’IPA ne peut en effet être obtenu que via un diplôme de grade master (bac + 5), à condition d’avoir déjà exercé au moins trois ans en tant qu’infirmier. Il permet notamment à ces diplômés de mener certaines consultations seuls et de renouveler une ordonnance.