La procureure de la République Yolande Renzi et le directeur de la DIPJ de Strasbourg Christophe Allain, lors d’une conférence de presse, le 18 septembre. / FREDERICK FLORIN / AFP

Les enquêteurs de la police judiciaire de Strasbourg sont toujours à la recherche de Sophie Le Tan. L’étudiante, inscrite en licence à l’université de Strasbourg, n’a pas donné signe de vie depuis le jeudi 7 septembre, alors qu’elle se rendait dans la commune de Schiltigheim, en banlieue de Strasbourg, pour visiter un appartement.

La jeune femme devait ensuite rejoindre ses parents pour déjeuner dans un restaurant de Cernay (Haut-Rhin), où elle avait prévu de fêter ses 20 ans. Mais elle n’a plus donné signe de vie. « Tout sera mis en œuvre pour retrouver la jeune fille », a déclaré lors d’un point presse la procureure de la République à Strasbourg, Yolande Renzi, mardi 18 septembre.

  • Un homme mis en examen pour « assassinat »

Une information judiciaire a été ouverte six jours après la disparition de la jeune fille, jeudi 13 septembre, pour « enlèvement et séquestration ». Après un appel à témoins, des enquêtes de voisinage, l’aide des brigades cynophiles et l’analyse de communications téléphoniques, les enquêteurs se sont intéressés à un homme de 58 ans, habitant de la commune où la jeune femme venait visiter l’appartement.

Le suspect a été interpellé, samedi 15 septembre, dans son appartement de Schiltigheim. Les enquêteurs l’ont identifié grâce à des données téléphoniques, précisent Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Le numéro de l’annonce correspondait à une ligne prépayée. Son nom : Jean-Marc Reiser.

Lors de sa conférence de presse, la procureure de la République a dit qu’une perquisition de l’appartement du suspect avait révélé « l’existence de traces de sang, malgré manifestement un nettoyage en profondeur et très récent des lieux ». L’ADN détecté dans les traces de sang « a été attribué à Sophie Le Tan », a-t-elle précisé. Sur la base de ces éléments, Jean-Marc Reiser a été mis en examen lundi pour « assassinat, enlèvement et séquestration », puis écroué.

  • Petites annonces pour un « piège fatal »

Le suspect, âgé de 58 ans, « a fait le choix de ne répondre à aucune question » sur cette disparition lors de sa garde à vue, a précisé Yolande Renzi. Selon le directeur interrégional de la police judiciaire de Strasbourg, Christophe Allain, l’homme avait déjà tenté d’attirer deux autres jeunes filles « dans un piège fatal » à Schiltigheim à l’aide d’annonces immobilières publiées sur Internet.

« Pour ne pas se faire remarquer, il restait très flou sur la localisation de l’appartement. Le seul but était de les attirer sur son territoire de chasse », en utilisant « des moyens de téléphonie permettant de garantir l’anonymat », a-t-il détaillé.

Ces deux autres jeunes femmes, dont l’une était accompagnée, avaient répondu à la même annonce de visite les jours précédents, mais elles avaient trouvé l’endroit louche et désert. « Elles ont eu un pressentiment utile. Le fait qu’elles renoncent les a sauvées », a avancé la procureure. Sophie Le Tan, elle, était venue seule au rendez-vous.

  • Un suspect déjà condamné pour viols en 2001

Connu de la justice, Jean-Marc Reiser, qui vit seul mais a une amie, a déjà été condamné en 2001 par la cour d’assises du Doubs à quinze ans de réclusion pour le viol d’une auto-stoppeuse allemande en 1995 dans les Landes, et pour des viols de sa maîtresse commis en 1996. Cette condamnation a été confirmée par la cour d’assises d’appel du Bas-Rhin en février 2002.

L’Est républicain a rapporté les propos tenus dans son réquisitoire par le procureur général Philippe Theurey, lors du procès de 2001 : « C’est un iceberg dont on ne voit qu’un petit morceau », avait-il déclaré, soulignant le secret entourant la personnalité de Jean-Marc Reiser. « Je me souviens d’un homme agréable mais extrêmement déterminé dans sa défense et très autoritaire », s’est remémoré dans les mêmes colonnes Me Jean-Pierre Degeneve, l’avocat commis d’office de Jean-Marc Reiser pour ce procès.

Avant cette condamnation, il avait tenté de s’enfuir du palais de justice de Besançon lors d’une audience de la cour d’appel qui examinait sa demande de mise en liberté, à l’été 2000, et avait été condamné pour cela à huit mois de prison ferme.

Principal suspect dans la disparition de Sophie Le Tan, Jean-Marc Reiser a par ailleurs été acquitté en 2001 par la cour d’assises du Bas-Rhin dans une autre affaire, la disparition d’une jeune femme de 23 ans, en 1987, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Françoise Hohmann était représentante de commerce : le dernier client à qui elle avait rendu visite avant sa disparition, dans le quartier de Hautepierre, était Jean-Marc Reiser.