« Quand les choses ne changent pas d’elles-mêmes, ou trop lentement, c’est à nous de les faire changer », affirme Françoise Nyssen. / LUDOVIC MARIN / AFP

Près d’un an après le déclenchement de l’affaire Weinstein, la ministre de la culture, Françoise Nyssen, a annoncé, jeudi 20 septembre en clôture des Assises de la parité à Paris, la mise en place en 2019 d’un bonus de 15 % dans les subventions pour les films « exemplaires en matière de parité » hommes-femmes :

« Je crois aux incitations financières. Quand les choses ne changent pas d’elles-mêmes, ou trop lentement, c’est à nous de les faire changer. »

Ce bonus à hauteur de 15 % pourra être attribué aux films dont les équipes ont des femmes à des postes-clés. Concrètement, un barème de huit points sera instauré, avec un point si le réalisateur est une femme, un autre point si le chef technique est de sexe féminin… « Le bonus sera ouvert dès lors que l’équipe technique totalise au moins 4 points », a détaillé la ministre. Ce qui correspondrait aujourd’hui, s’il était déjà en place, à « moins d’un film sur six ».

Cette annonce s’inscrit dans un ensemble de mesures concrètes – mise en place de statistiques genrées pour les dossiers d’agrément du CNC, charte de bonnes pratiques – pour instaurer la parité dans le cinéma. Le bonus a d’ailleurs vocation à disparaître « lorsque la parité sera installée ».

Fortes inégalités

Selon les données du CNC, les femmes réalisatrices sont moins bien payées que leurs confrères (environ 42 %) et il existe de fortes inégalités en matière de financement des films, les femmes ayant plus de difficultés à obtenir des budgets importants. Les différences de traitement sont également criantes pour les métiers techniques, où les femmes sont peu représentées.

La tenue de ces Assises sur la parité, l’égalité et la diversité avait été annoncée lors du Festival de Cannes, après une montée des marches très symbolique de 82 femmes, dont Cate Blanchett et Agnès Varda, pour réclamer l’égalité salariale.

Dans la foulée, Cannes et d’autres festivals de cinéma (Locarno, Venise, Toronto…) s’étaient engagés à faire plus pour la parité, en signant une charte, qui rend notamment transparente la liste des membres des comités de sélection.

En revanche, cette charte n’impose pas en sélection de quotas de films réalisés par des femmes. A la Mostra de Venise au début de septembre, le cinéaste Jacques Audiard s’était ému de la sous-représentation féminine en sélection (21 films, dont un seul réalisé par une femme) et avait aussi dénoncé l’absence de femmes à la tête des festivals.