Brett Kavanaugh s’exprime devant la commission judiciaire du Sénat états-unien, à Washington, le 4 septembre. / ANDREW HARNIK / AP

L’universitaire qui accuse Brett Kavanaugh, le candidat de Donald Trump à la Cour suprême des Etats-Unis de l’avoir agressée sexuellement dans les années 1980 s’est dite, jeudi 20 septembre, disposée à témoigner la semaine prochaine devant les sénateurs américains, mais à ses conditions.

Christine Blasey Ford, 51 ans, affirme que le jeune Kavanaugh et un ami, tous deux « complètement ivres », l’avaient coincée dans une chambre lors d’une soirée au début des années 1980. M. Kavanaugh se serait ensuite livré à des attouchements et aurait tenté de la déshabiller, avant qu’elle ne parvienne à s’enfuir.

Le candidat de Donald Trump à la Cour suprême nie vigoureusement. Les accusations portées contre lui menacent de faire dérailler la confirmation du magistrat, qui fait l’objet d’un combat politique féroce à quelques semaines d’élections parlementaires à suspense.

La commission judiciaire du Sénat, chargée d’examiner la candidature du juge Kavanaugh, a convoqué les deux parties à s’exprimer lundi devant elle.

Des menaces de mort reçues

Après plusieurs jours de silence, l’avocate de Mme Blasey Ford a fait savoir que sa cliente acceptait de témoigner devant les parlementaires, mais à ses conditions. D’abord, la chercheuse en psychologie n’ira pas au Sénat lundi, date qui ne lui convient pas et qui a été fixée « arbitrairement », estime Me Debra Katz. Elle est disponible plus tard dans la semaine.

Ensuite, elle veut que les conditions de l’audition soient « justes » et répète sa « préférence » pour une enquête de la police fédérale (FBI) avant l’audition. Enfin, elle veut que sa sécurité soit assurée. Depuis qu’elle est sortie de l’anonymat pour accuser le juge Kavanaugh, Mme Bradley Ford a reçu « des menaces de mort (…) et sa famille et elle ont dû quitter leur domicile », rappelle l’avocate dans un courriel adressé à la commission sénatoriale.

Mme Blasey Ford, restée muette pendant des années sur cet épisode présumé, avait envoyé en juillet un courrier à une élue locale quand le nom du juge Kavanaugh avait commencé à circuler parmi les possibles candidats à la Cour suprême. Après des fuites dans la presse, elle est finalement sortie de l’ombre, à contrecœur, avec une interview au Washington Post publiée dimanche.

L’opinion publique hostile à Brett Kavanaugh

L’affaire rappelle celle qui avait concerné, en 1991, un autre candidat à la Cour suprême, Clarence Thomas, accusé de harcèlement sexuel par une professeur de droit, Anita Hill. Soucieux d’éviter l’image déplorable donnée par leurs prédécesseurs en 1991, les élus républicains de la commission judiciaire du Sénat, tous des hommes, envisagent d’avoir recours à un tiers pour interroger Mme Blasey Ford, selon le New York Times.

En 1991, le juge Thomas avait finalement été confirmé et il siège toujours à la Cour. Mais le manque de considération envers Mme Hill, lors d’audiences télévisées, avait marqué les esprits et poussé un certain nombre de femmes à entrer en politique.

Vingt-sept ans plus tard, le climat a changé. Même le président Trump, pourtant prompt à critiquer ceux qui se dressent en travers de son chemin, s’est gardé d’attaquer directement Mme Blasey Ford. Il a toutefois martelé son soutien à Brett Kavanaugh, « un homme extraordinaire » selon lui, et affiché son scepticisme sur les accusations le visant : « Il est très difficile pour moi d’imaginer qu’il se soit passé quoi que ce soit. »

L’opinion publique semble pour sa part de plus en plus hostile à ce magistrat. D’après un sondage publié par NBC et le Wall Street Journal jeudi soir, 38 % des Américains s’opposent à ce qu’il devienne juge à la Cour suprême (+9 points par rapport à août), et 34 % y sont favorables (+1 point).