Le 30 août 2018, une étudiante de l’université du Wisconsin se renseigne sur la manière de s’inscrire sur les listes électorales. / Scott Bauer / AP

Les démocrates sont bien placés pour le savoir : s’ils veulent faire basculer les majorités lors des élections de mi-mandat, le 6 novembre, la mobilisation de leur électorat est cruciale. La défaite d’Hillary Clinton, en 2016, s’est jouée à quelques milliers de voix près dans une poignée d’Etats remportés par les républicains. Aussi les initiatives se multiplient pour mener aux urnes le maximum d’électeurs potentiellement favorables aux candidats démocrates : les jeunes, les minorités, les femmes.

Comme le relate Business Insider, le mouvement libéral NextGen America s’est installé sur les campus de régions les plus disputées lors de cette rentrée universitaire pour inciter les jeunes à s’inscrire sur les listes et à voter. Le milliardaire à l’origine de cette initiative, Tom Steyer, y consacre 30 millions de dollars (25,5 millions d’euros). Convaincu que les Noirs constituent un autre vivier potentiel mais peu enclin à se déplacer le jour du vote, notamment pour les élections de mi-mandat, il va également dépenser 1 million de dollars pour cibler cet électorat en collaboration avec des associations afro-américaines, rapporte Axios. La population des 18-21 ans a gagné 15 millions d’électeurs potentiels depuis les élections de mi-mandat de 2014. Mais il y a quatre ans, seuls 17 % de cette tranche d’âge s’étaient déplacés, un taux de participation historiquement bas.

Un tee-shirt arborant un code QR [dirigeant] vers une page d’inscription sur les listes

Le magazine Dezeen rappelle de son côté que les élèves à l’origine de la Marche pour nos vies, lancée après la tuerie du lycée de Floride qui a fait dix-sept morts en février, ont élargi leur combat contre le contrôle des armes. Durant l’été, ils ont sillonné les Etats-Unis appelant à la mobilisation pour « changer les choses » par le bulletin de vote. Dernièrement, ils ont mis en vente un tee-shirt arborant un code QR, qu’il suffit de scanner pour être dirigé vers une page d’inscription sur les listes électorales.

L’appel des artistes à voter

Même la cérémonie de remise des Emmy Awards, le 17 septembre a été l’occasion d’un appel à aller voter de la part de plusieurs artistes, raconte The Hollywood Reporter.

S’il est difficile de prédire l’efficacité de ces initiatives sur la mobilisation électorale, des chiffres donnent une idée de l’intérêt des Américains pour les élections de novembre. Ainsi que l’indique le site d’informations politiques The Hill, plus de 40 millions de personnes ont voté pour les primaires cette année, un chiffre en hausse significative, notamment pour les démocrates, par rapport à 2014.

Cette année-là, 13,8 millions de démocrates s’étaient déplacés pour départager leurs candidats à l’élection, contre 22,7 millions cette année. Côté républicain, la hausse est aussi réelle mais moins spectaculaire : 19,3 millions cette année contre 15,5 il y a quatre ans. Chez les démocrates, la mobilisation est particulièrement élevée dans les Etats où les postes seront les plus disputés le 6 novembre. « Or en général, les gens qui se déplacent pour les primaires le font aussi en novembre pour l’élection », commente le politologue Thad Kousser pour The Hill.

L’accent sur les citoyens privés de vote, comme les détenus

Dans ce contexte, la radio publique NPR met, elle, l’accent sur les citoyens privés de vote. C’est le cas pour les détenus dans la plupart des Etats, et dans trois d’entre eux (Floride, Kentucky et Iowa), pour les personnes ayant purgé leur peine et ayant été libérées ; cette pratique pénalise davantage les Afro-Américains, surreprésentés dans le système carcéral aux Etats-Unis, et dont le vote est majoritairement démocrate. Au total, 6 millions de personnes seraient ainsi privées de vote. Dans d’autres Etats, des citoyens sont aussi radiés des listes électorales pour n’avoir pas voté lors de précédentes élections et avoir omis de répondre au courrier officiel. Enfin, alors que 11 % de la population américaine ne possèdent ni permis de conduire ni passeport, selon le Brennan Center for Justice, plusieurs Etats demandent depuis 2016 aux électeurs une pièce d’identité avec photo le jour du vote. Là encore, les minorités, votant plutôt démocrate, les personnes âgées et les pauvres sont davantage pénalisés.