Le chef de l’Etat a promu d’anciens combattants harkis et des représentants d’associations de harkis dans les ordres de la Légion d’honneur et du Mérite, quatre jours avant la Journée nationale d’hommage à ces anciens supplétifs de l’armée française pendant la guerre d’Algérie.

Par décret du 20 septembre paru au Journal officiel vendredi, six anciens combattants harkis et la cofondatrice d’une association de harkis deviennent chevaliers de la Légion d’honneur. Quatre personnes sont élevées au grade d’officier de l’ordre national du Mérite et quinze autres au grade de chevalier du même ordre, majoritairement représentantes d’associations ou fédération.

A la fin de la guerre d’Algérie (1954-1962), quelque 60 000 Algériens recrutés comme auxiliaires de l’armée française avaient été admis en France après les accords de paix. Les autres – entre 55 000 et 75 000 selon les historiens – avaient été abandonnés et victimes de sanglantes représailles de la part des nationalistes, qui les considéraient comme des traîtres. Un groupe de travail, lancé à l’initiative du chef de l’Etat, avait préconisé en juillet de créer un « fonds de réparation et de solidarité » de 40 millions d’euros pour les harkis et leurs enfants. Mais ce montant est très loin des attentes des associations.

Réparations à la hauteur du préjudice

La communauté harkie avait appelé au début de septembre le chef de l’Etat à lui accorder des réparations à la hauteur du préjudice subi à la fin de la guerre d’Algérie, rappelant le soutien qu’elle lui a apporté en 2017 et menaçant de porter plainte contre la France pour crimes contre l’humanité. Quelques jours plus tard, le Comité national de liaison des harkis (CNLH) réitérait sa volonté de se battre « jusqu’au bout » et d’aller plaider sa cause devant les tribunaux internationaux s’il n’obtenait pas satisfaction auprès de l’Etat.

Ces réparations arrivent également quelques jours après un pas de plus dans le travail de mémoire sur la guerre d’Algérie qu’a franchi Emmanuel Macron, en demandant pardon à la mi-septembre à la veuve de Maurice Audin, soixante et un ans après la mort sous la torture de ce militant communiste victime « du système institué alors en Algérie par la France », selon les mots du président de la République.