Faire la promotion de l’échec. On ne l’aurait pas nécessairement attendu d’un garçon tel que David Ringrave, auteur du livre Réussites françaises : vingt histoires d’entrepreneurs qui ont réussi en France (Enrick B. Editions, 2018). C’est pourtant à ce chantier qu’il s’est attelé en organisant les Re.Start Awards, jeudi 20 septembre à Paris, avec l’idée de « parler de l’échec de manière positive ».

Nourri à la culture américaine, pays où il a étudié, cet entrepreneur, cofondateur d’une agence de publicité, aujourd’hui « business angel », veut diffuser cette mentalité, peu présente en France, qui épargne, voire valorise, les entrepreneurs qui ont échoué : « On ne refait pas deux fois les mêmes erreurs quand on s’est planté », explique-t-il.

Ainsi les Re.Start Awards ont-ils souhaité mettre en lumière des entrepreneurs qui ont su se relever après de précédents plantages. Pas de grands noms au programme, mais des entrepreneurs aux parcours plus classiques, qui ont dû faire face aux aléas inhérents à ce type d’aventure professionnelle : absence d’investisseur, manque de trésorier, faillite, burn-out…

Thérapie de groupe

Sur la scène du Grand Rex, chaque lauréat y est allé de son témoignage, en forme de thérapie de groupe : du « sentiment d’être inutile », évoqué par le fondateur d’Allo Resto (devenu Just Eat) quand il lui a fallu licencier 27 de ses 30 premiers employés, aux déchirements de la fondatrice de la marque de vêtements bio Ekyog, qui confesse avoir confondu business avec aventure familiale, chacun a livré les enseignements tirés de ses débâcles.

La cérémonie a pris un tour très politique avec la présence de deux membres du gouvernement venus remettre des prix. L’occasion pour Julien Denormandie, secrétaire d’État auprès du ministre de la cohésion des territoires, de souligner l’importance de changer les mentalités dès le cadre scolaire, et pour Delphine Gény-Stephann, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie, de rappeler les engagements pris par l’exécutif dans le cadre de la loi Pacte pour favoriser « le rebond » et « changer le regard sur l’échec et la réussite, trop souvent stigmatisés ».

M. Ringrave n’en attendait pas moins : « Encourager l’entreprenariat, ça permet de faire reculer le chômage, mais ça crée aussi de la précarité. Le pendant de la start-up nation, c’est le droit à l’erreur. »