Le rappeur Médine et le Bataclan assurent avoir pris la décision de reporter les concerts dans une autre salle « dans une volonté d’apaisement ». / CITIZENSIDE/Kamila Stepien / Citizenside

Après plusieurs mois d’une polémique venue de la droite et de l’extrême droite, le rappeur Médine a décidé qu’il ne jouerait pas au Bataclan en octobre. Les deux concerts prévus les 19 et 20 octobre sont annulés, et remplacés par une date au Zénith de Paris le 9 février, a annoncé Médine sur Twitter vendredi 21 septembre.

Le rappeur et le Bataclan assurent avoir pris cette décision ensemble « dans une volonté d’apaisement ». « Nous espérons ainsi que Médine pourra accueillir son public dans les meilleures conditions qui soient », peut-on lire dans le communiqué de la salle du 11e arrondissement, attaquée par un commando de quatre djihadistes le 13 novembre 2015.

Médine a évoqué sur les réseaux sociaux une « décision douloureuse » prise « par respect pour les familles [de victimes] et pour garantir la sécurité de [son] public ». « Tout ce que je voulais faire c’était le Bataclan », a-t-il écrit à ses fans, qui pourront se faire rembourser les billets pour les deux dates prévues.

Des mouvements qui « ravivent la douleur des familles »

La programmation de Médine au Bataclan avait été dénoncée par des responsables politiques de droite et d’extrême droite, qui mettaient en cause les paroles de certaines de ses anciennes chansons comme Don’t Laïk ou Jihad, qu’ils considèrent comme allant dans le sens des thèses djihadistes islamistes.

En janvier 2015, le parolier s’était déjà expliqué sur son titre Don’t Laïk : « Je me revendique de cet esprit outrancier, satirique au nom de la liberté d’expression pour pouvoir blasphémer une valeur lorsqu’elle est dévoyée. C’est ce que j’ai fait avec le morceau Don’t Laïk. » En mars 2017, il avait cependant confié avoir « eu la sensation d’être allé trop loin ». « La provocation n’a d’utilité que quand elle suscite un débat, pas quand elle déclenche un rideau de fer. Avec Don’t Laïk, c’était inaudible, et le clip a accentué la polémique », avait déclaré le chanteur.

Des mouvements d’extrême droite appelaient récemment sur les réseaux sociaux à organiser des manifestations devant le Bataclan. Le rappeur a dénoncé dans son communiqué « des manifestations dont le but est de diviser, n’hésitant pas à manipuler et à raviver la douleur des familles des victimes ».

Une association de victimes des attentats du 13 novembre 2015, 13onze15 Fraternité Vérité, avait jugé que le Bataclan commettait « une faute » en programmant Médine. En revanche, Life for Paris, l’une des principales associations de victimes, avait jugé que le Bataclan était « complètement libre de sa programmation », refusant d’instrumentaliser « la mémoire des victimes des attentats à des fins politiciennes, comme c’est le cas dans cette affaire ».