Les ennuis s’accumulent pour la Danske Bank, la première banque danoise, actuellement empêtrée dans un scandale de blanchiment d’argent. Après la démission de son patron Thomas Borgen le 19 septembre, Bruxelles demande une enquête de l’Union européenne sur les manquements en matière de surveillance qui ont conduit au scandale, a annoncé dimanche 23 septembre à l’AFP un porte-parole de la Commission européenne, confirmant un article du quotidien britannique Financial Times.

Christian Wigand, porte-parole de l’exécutif européen, indique la Commission a adressé une lettre à l’Autorité bancaire européenne (EBA en anglais), un organe de surveillance de l’UE - pour l’instant basé à Londres - lui demandant d’« utiliser pleinement » ses pouvoirs pour enquêter sur ce qui s’est passé dans la surveillance de la succursale estonienne de l’établissement danois. Cette demande fait suite aux révélations de manquements internes qui ont amené le directeur général de Danske Bank à démissionner mercredi. Le montant du blanchiment d’argent en cause dans ce scandale pourrait se chiffrer en dizaines de milliards d’euros entre 2007 et 2015.

Dans cette lettre, que le Financial Times a pu lire, la Commission demande à l’EBA « d’enquêter sur la possible violation ou non-application du droit de l’Union tant par les autorités de surveillance estoniennes que danoises » et appelle à ce que les problèmes soient traités « avec le degré d’urgence nécessaire ».

Le 2 octobre prochain, lors d’une réunion des ministres des Finances de l’UE à Luxembourg, la commissaire européenne à la Consommation, Vera Jourova, compte discuter de cette affaire avec les ministres danois et estoniens, et également présenter des propositions contre le blanchiment d’argent, a précisé le porte-parole de la Commission.

Des dizaines de milliards d’euros d’argent sale

Ce scandale qui a pris de l’ampleur ces derniers jours au Danemark, pays traditionnellement cité pour son faible niveau de corruption, concerne avant tout la filiale estonienne de Danske Bank.

Selon la banque danoise qui a commandé un rapport indépendant, cette filiale a vu transiter entre 2007 et 2015 quelque 200 milliards d’euros à travers les comptes de 15 000 clients étrangers non-résidents en Estonie. Une part importante de ces fonds a été jugée suspecte et pourrait porter la somme d’argent sale à plusieurs dizaines de milliards d’euros, provenant essentiellement de la Russie.

Cette affaire, objet d’une enquête du parquet financier de Copenhague et de l’autorité danoise des marchés financiers, promet d’être tentaculaire, l’agence britannique de lutte contre la criminalité ayant annoncé vendredi enquêter sur l’implication d’une société britannique.