Après le but de Nabil Fekir (à droite), lors du match OL-OM, dimanche 23 septembre au Parc OL, à Décines. / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

La soirée aurait pu être parfaite, dimanche 23 septembre, pour l’Olympique lyonnais (OL). Une victoire nette sur son rival marseillais (4-2), en clôture de la 6e journée de Ligue 1, sublimée par une ambiance festive dans un stade théoriquement rempli uniquement de sympathisants lyonnais. Las. Certains fans de l’OL se sont une nouvelle fois distingués en distribuant un tract polémique avant la rencontre, puis en chassant violemment du stade les quelques supporteurs de l’OM disséminés dans le Parc OL, en dépit de l’interdiction de déplacement des supporteurs phocéens.

L’un des principaux groupes de supporteurs du club rhodanien, les Bad Gones, fondé en 1987 et fort d’environ 6 000 membres, a d’abord distribué dans les tribunes un tract dépeignant la ville et les supporteurs de Marseille en des termes peu amènes, voire racistes si l’on se réfère à la terminologie d’extrême droite.

Ils y appellent notamment à se mobiliser « contre la vérole sudiste » et ses ultras, classés à gauche, « prétendument antiracistes mais plus sûrement anti-français ». « Marseille est une ville où règne le sida », pouvait-on y lire, entre autres joyeusetés.

Déclarations d’intention

Cette affaire tombe au plus mal pour l’OL et son président, Jean-Michel Aulas, après le huis clos prononcé contre le club en Coupe d’Europe – et confirmé en appel par l’UEFA – pour sanctionner le « comportement raciste » de ses supporteurs lors de la réception du CSKA Moscou en mars, puis le salut nazi de l’un de ses fans filmé lors du déplacement à Manchester City, mercredi 19 septembre.

Interrogé après la rencontre, Jean-Michel Aulas a qualifié le texte d’« odieux » et d’« inadmissible ». Néanmoins, le club ne portera pas plainte car ce tract « ne serait malheureusement pas condamnable juridiquement », a avancé l’OL dans un communiqué. « Je ferai en sorte que tout ça ne se reproduise plus. Il ne faut pas se laisser déborder par une frange extrémiste », a toutefois insisté le président de l’OL. 

La direction de l’OL a déjà eu l’occasion de faire des déclarations d’intention de ce type à plusieurs reprises depuis plusieurs années, sans que celles-ci soient suivies d’effets. Là où le PSG avait adopté une posture radicale en mettant en place le fameux plan Leproux visant à expurger les tribunes, et notamment le Kop Boulogne, de ses éléments les plus extrémistes, l’OL traîne encore comme un boulet ses supporteurs radicaux.

« Il est connu qu’une frange de supporteurs lyonnais est d’extrême droite », expliquait en mars à l’AFP Nicolas Hourcade, sociologue spécialiste des supporteurs. En dépit d’incidents répétés (chants racistes contre l’un de ses joueurs, banderole « Refugees are not welcome » déployée lors du match face à Lille…), « à chaque fois, le club avait fait part de son intention de se porter partie civile dans les procédures à leur encontre. Ce qu’il n’a pourtant jamais fait », rappelle le site Rue 89 Lyon.

En 2015, le « stadium manager » de l’OL, Xavier Pierrot, justifiait cette posture dans les colonnes de 20 Minutes :

« Nous ne faisons pas le travail de la société civile, policière ou judiciaire mais nous organisons des matchs avec une règle absolue imposée : pas de politique à l’intérieur du stade. Nous ne sommes pas là pour faire le ménage dans les jeunesses identitaires à Lyon. »

Des supporteurs de l’OM violemment chassés du stade

Ce tract n’a pas été le seul incident de la soirée au Parc OL. Si les supporteurs de l’OM ont été interdits de déplacement par la préfecture du Rhône, certains ont pu se procurer des places et se sont retrouvés disséminés dans les tribunes de l’enceinte lyonnaise.

Mais au lieu de profiter de cette rencontre discrètement, quelques-uns d’entre eux ont fêté sans retenue le but de l’égalisation de Florian Thauvin à la 39e minute de la rencontre, provoquant l’ire d’ultras lyonnais qui les ont alors violemment chassés du stade selon plusieurs observateurs, dont le journaliste de l’Equipe Bilel Ghazi, faisant un blessé léger.

« Il y avait un procureur sur place, il y a eu des interpellations en flagrant délit. Les gens qui ont été pris, qu’ils soient de Marseille ou de Lyon, seront sanctionnés sévèrement par la justice », a promis Jean-Michel Aulas, qui a déploré l’image « dégradée du club à cause de certains de ses supporteurs ».

Ces incidents ont aussi relancé le débat sur la politique répressive menée par les autorités, engagées dans un bras de fer avec les ultras français en multipliant notamment les interdictions de déplacement des supporteurs.

Lyon et son président ne pourront, en tout cas, savourer pleinement le redressement spectaculaire opéré par son équipe après ses victoires sur la pelouse de Manchester City, puis face à l’OM.