Avec la technologie 4DX, les fauteuils bougent pour accompagner l’action du film et le public reçoit des gouttes d’eau, de l’air chaud, du vent, du brouillard ou du parfum, ce qui donne à la séance de cinéma des airs de parc d’attractions. / Bryan Steffy / AFP

La lumière et l’écran. C’est à ces deux niveaux que se produiront les principaux bouleversements dans les salles de cinéma, explique Richard Patry, président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), alors que s’ouvre, lundi 24 septembre, le 73e Congrès des exploitants à Deauville (Calvados). « Depuis les années 1970, on utilise de grosses lampes au xénon [pour projeter les films], qui consomment beaucoup d’énergie », note M. Patry, lui-même exploitant de salles en Normandie. L’arrivée de la lumière laser dans les salles obscures, qui n’en est qu’à ses prémices, permettra d’augmenter la taille de l’écran.

Autre avantage : les lampes au xénon s’usent vite et doivent être changées après 1 000 à 3 000 heures d’utilisation. Les lumières laser, elles, devraient avoir une durée de vie beaucoup plus longue, de 10 à 15 ans, sans aucune dégradation de luminosité. Cela a un prix : jusqu’à 70 000 euros pour les lasers destinés aux plus grands écrans, contre 15 000 euros pour une lampe au xénon et sa lanterne aujourd’hui.

Dans un contexte de fréquentation cinématographique déprimée cet été en France en raison de la concurrence du Mondial de football, la grand-messe annuelle des représentants des 2 046 cinémas hexagonaux doit permettre de présenter les nouveautés technologiques attendues dans le domaine des écrans.

Certains industriels comme Sony et Samsung travaillent à un abandon de la projection pour proposer un grand écran LED qui permettra d’obtenir, de façon uniforme, une extrême précision de l’image. Point positif, selon Richard Patry : permettre la modification de l’architecture des salles de cinéma de centre-ville afin de mieux rentabiliser ces espaces souvent très contraints. Comme il ne sera plus nécessaire de prendre en compte un faisceau lumineux qui passe deux mètres au-dessus de la tête des spectateurs, le volume permettant d’installer des fauteuils sera accru. Une telle technologie signera aussi de facto la fin des cabines de projection.

Tendance plus « verte »

M. Patry assure qu’avec l’écran LED, l’image « est meilleure qu’avec le bon vieux 35 mm. Puisque les contrastes sont plus forts, il y a moins d’influence de la lumière parasite et le spectre colorimétrique est poussé quasiment à l’infini ». Mais ces écrans demeurent très onéreux : de 200 000 à 300 000 euros pour les plus petits. Qui est disposé à payer une telle somme ? « Les seules technologies qui se sont imposées sont celles qui ont proposé des solutions financièrement abordables », rappelle le président de la FNCF. Il faudra donc attendre que les prix baissent. Le timing de tels sauts technologiques peut sembler pertinent : la totalité des salles est passée au tout-numérique depuis une quinzaine d’années en France. Elles doivent désormais songer à renouveler leur matériel.

Pour rendre leurs salles toujours plus high-tech, les grands exploitants continuent d’investir massivement, à l’image de Pathé, qui mise sur ScreenX et 4DX. Avec ces technologies, les fauteuils bougent pour accompagner l’action du film et le public reçoit des gouttes d’eau, de l’air chaud, du vent, du brouillard ou du parfum, ce qui donne à la séance de cinéma des airs de parc d’attractions. Plus de trente salles en sont équipées dans l’Hexagone, qui drainent un public d’adolescents très réceptifs.

Pour conquérir cette cible, un autre important exploitant français, CGR, a inauguré fin 2016 une vingtaine de salles ICE (Immersive Cinema Experience) avec des fauteuils clubs inclinables et des panneaux lumineux sur les côtés de la salle destinés à plonger le spectateur dans une ambiance singulière.

Une nouvelle tendance, plus « verte », émerge dans l’Hexagone. Les propriétaires de salles obscures commencent à réfléchir à l’adoption de démarches écoresponsables. Installation de panneaux solaires sur les toits, recyclage des déchets, vente de confiserie labellisée bio et même du lait issu de circuits courts pour la fabrication des glaces… Une préoccupation qui, jusqu’ici, n’intéressait personne dans le septième art.