Aux Etats-Unis, un jeune homme totalement paralysé des jambes a réussi à marcher avec le seul appui des bras et d’un déambulateur, grâce à l’implant d’une électrode, selon une étude américaine publiée lundi 24 septembre par Nature Medicine.

L’homme, devenu paraplégique à la suite d’un accident à motoneige, qui avait endommagé sa moelle épinière au niveau du milieu du dos, ne pouvait plus ni bouger ni sentir quoi que ce soit en dessous de la lésion.

Dans le cadre de cette étude commencée en 2016, trois ans après son accident, les chirurgiens de la clinique Mayo de Rochester, dans le Minnesota, ont installé un implant porteur d’une électrode dans l’espace péridural en dessous de la zone lésée de sa colonne vertébrale. Cette électrode, reliée à un stimulateur implanté dans la région abdominale, était connectée sans fil à une commande extérieure.

Le jeune homme, âgé aujourd’hui de 29 ans, a ensuite suivi des sessions de stimulations électriques et d’exercices physiques combinés pendant quarante-trois semaines. Au bout de deux semaines, il pouvait déjà se lever et faire des pas soutenu par un harnais, sous stimulation électrique.

102 mètres en un an

Pendant cent treize sessions d’entraînement réparties sur un an, les chercheurs de la clinique Mayo et de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) ont ajusté les exercices pour donner le maximum d’indépendance au patient. Celui-ci est ainsi parvenu à marcher sans harnais, avec l’appui fourni par le déambulateur ou en se tenant à des barres sur un tapis roulant, et même à trouver son équilibre sans regarder ses jambes dans un miroir.

Au total, sur un an, il a réussi à parcourir 102 mètres, soit la longueur d’un terrain de football, précise l’étude dirigée par la docteure Kristin Zhao et le docteur Kendall Lee.

« C’est la première fois qu’on peut mettre en œuvre chez un homme totalement paralysé du bas du corps un processus de marche sur tapis roulant ou avec déambulateur », souligne la docteure Kristin Zhao. Dans de précédentes expérimentations, des volontaires paraplégiques avaient été capables, sous stimulation électrique, de bouger volontairement les hanches, les chevilles ou les orteils, mais pas de marcher.

« L’étude montre qu’après implant et sous stimulation électrique, le patient a pu recouvrer le contrôle volontaire de ses jambes », a expliqué Kendall Lee lors d’une conférence de presse, tout en reconnaissant que « le mécanisme précis qui a rendu cela possible reste inconnu ».

« Poursuivre la recherche »

« L’étude montre que le système nerveux central peut s’adapter après une blessure grave, et qu’avec des interventions comme la stimulation péridurale, on peut regagner un certain contrôle des fonctions motrices », ajoute la docteure Zhao. Toutefois, « il faut souligner qu’en dépit des succès obtenus pendant l’étude, le patient continue de mener sa vie quotidienne en chaise roulante ». En effet, dès que la stimulation électrique s’arrêtait, l’homme revenait à son état de paralysie initiale, et il n’a pas récupéré de sensation corporelle.

L’étude porte en outre sur un seul individu, et « il faut poursuivre la recherche dans ce domaine pour mieux comprendre qui peut bénéficier de ce type d’intervention », dit la docteure Zhao. Ce travail vient renforcer, avec d’autres expérimentations, l’idée que « des fonctions qu’on pensait définitivement perdues » pourraient être réactivées grâce à des technologies nouvelles.

En France, des chercheurs grenoblois de Clinatec, un centre de recherche biomédicale, ont conçu un exosquelette piloté par une puce placée dans la tête d’une personne paralysée.