LES CHOIX DE LA MATINALE

Pas de temps mort cette semaine, avec un thriller d’espionnage sur les traces d’une sociopathe, de l’aventure au cœur de la forêt guyanaise et d’une mine d’or de légende, et la suite de P’tit Quinquin sous la forme d’un essai de science-fiction burlesque.

« Killing Eve » : thriller féminin et humour noir

Killing Eve S01 Promo VOSTFR (HD)
Durée : 01:01

En 2016, dans sa série dramatique Fleabag (disponible sur Amazon), l’auteure et comédienne britannique Phoebe Waller-Bridge se jouait allègrement des stéréotypes féminins en dépeignant la vie chaotique d’une jeune Londonienne en mal d’un amour-amant et d’un sens à sa vie. Le défi est tout autre avec Killing Eve, puisqu’elle y adapte, cette fois, le roman Codename Villanelle, de son compatriote Luke Jennings. Pour une série qui répond aux codes du thriller d’espionnage, mais dont les deux personnages principaux, une fois n’est pas coutume, sont féminins.

L’une, Eve Polastri, au sein des services secrets extérieurs anglais, le MI6, piste les traces d’une psychopathe, mi-ado mi-femme fatale, dénommée Villanelle par ses mystérieux commanditaires. Or, ce qui devait s’apparenter à un jeu du chat et de la souris entre l’agent Eve Polastri et la tueuse à gages Villanelle va évoluer en jeu du chat et du chat, puis en celui du chat traqué par la supposée souris… Ces deux femmes ayant en commun d’être des dures à cuire, tenaces voire obsessionnelles, mais aussi facétieuses.

Sans révolutionner le genre, Killing Eve soutient rythme et suspense avec une belle constance, et met en scène deux comédiennes très justes dans leur rôle : la jeune Jodie Comer (Docteur Foster) et Sandra Oh (ex-Grey’s Anatomy). Martine Delahaye

« Killing Eve », série créée par Phoebe Waller-Bridge. Avec Sandra Oh, Jodie Comer, Fiona Shaw (Royaume-Uni, 2018, 8 × 60 min). Diffusion sur Canal+, le jeudi à 21 heures depuis le 13 septembre (deux épisodes par soirée) ; disponible en intégralité et en version multilingue sur Canal+ à la demande.

« Coincoin et les Z’inhumains », science-fiction burlesque

CoinCoin et les z'inhumains - Teaser tráiler V.O. (HD)
Durée : 02:07

Pardon, mais des flaques de merde nous tombent dessus depuis le ciel. Vous marchez dans la lande, rien n’est à signaler, et floc, vous en recevez une en plein sur la tête. Demain, votre voisin. Qu’en sera-t-il après ? On sent bien que la mouise est contagieuse, que la fin du monde est désormais probable, possible.

Mais qu’est-ce au juste que cette matière gluante et puante ? La faute à quoi ou à qui ? Cette chute de matières s’observe dans Coincoin et les Z’inhumains, minisérie en quatre épisodes conçue pour Arte en sa qualité de suite plus qu’attendue d’un P’tit Quinquin qui s’était taillé un des succès historiques de la chaîne, en 2014.

Si P’tit Quinquin pouvait se définir comme un polar surréaliste, Coincoin est un essai de science-fiction burlesque. On y retrouve le couple de gendarmes nationaux loufoques Van der Weyden et Carpentier, la fanfare locale et, bien sûr, P’tit Quinquin (Alane Delhaye) lui-même, bien monté en graine depuis le temps. Sur fond de très inquiétante noirceur.

Bruno Dumont n’oublie pas son passé d’enseignant en philosophie : cette matière brune qui se propage un peu partout autour de nous ne suggère-t-elle pas qu’en stigmatisant l’étranger, homme parmi d’autres hommes qui ne le reconnaissent pas comme tel, c’est, pour le coup, à nous-mêmes que nous risquons de devenir étrangers ? Alors on rit pour ces idées, mais d’un rire jaune… Jacques Mandelbaum

« Coincoin et les Z’inhumains », de Bruno Dumont. Avec Bernard Pruvost, Philippe Jore et Alane Delhaye (France, 2018, 4 x 52 min). Diffusion les jeudis 20 et 27 septembre à 20 h 55 ; en ligne sur Arte+7 jusqu’au 4 octobre.

« Guyane » saison 2 : l’aventure continue

GUYANE, Saison 2 - La série revient le 24 septembre - Bande-annonce
Durée : 01:31

Au cœur de la forêt amazonienne, là où les frontières entre Guyane française, Brésil et Suriname n’existent que virtuellement, sur le petit bout d’Amérique du Sud que possède la France se démènent deux êtres avides d’or et d’aventure, découverts dans la saison 1 de Guyane. Le premier, Antoine Serra, ancien parachutiste, installé là depuis longtemps, s’apparente, à l’échelle de la région, à un magnat de l’orpaillage. Fort de sa fine connaissance du terrain, il était jusqu’ici en paix avec le cartel brésilien grand trafiquant d’or et de drogue sur l’autre rive du fleuve Oyapock. Tout cela jusqu’à l’arrivée du jeune et bouillant Vincent Ogier, venu en Guyane en tant que stagiaire de l’Ecole des mines, en début de saison 1, et vite devenu aussi avide d’action et de richesse qu’Antoine Serra, en qui il a découvert un mentor. En ce début de saison 2, les deux compères viennent de redécouvrir « Sarah Bernhardt », une mine légendaire de Guyane, longtemps abandonnée et pourtant à même de produire l’équivalent de 300 millions d’euros en or…

Or, loin de se contenter de multiplier les déboires que les deux hommes vont traverser au fil de l’exploitation de cette mine, les scénaristes de cette deuxième saison, Pierre Leccia (Mafiosa) et Didier Lacoste (L’Ecole du pouvoir), renouvellent l’intérêt et le plaisir qu’avait suscités la première saison de Guyane en l’enrichissant de nouveaux enjeux, écologiques et politiques : ils y mettent notamment en scène la difficile résistance des Amérindiens Wayana, confrontés à la contamination des eaux par le mercure et le cyanure de l’orpaillage. Ils jouent ici leur propre rôle. M. De.

« Guyane », saison 2. Série créée par Fabien Nury. Avec Olivier Rabourdin, Mathieu Spinosi, Anne Suarez (France, 2018, 8 × 52 min). Un épisode par soir sur Canal+, le lundi à 21 heures, depuis le 24 septembre. Tous les épisodes sont disponibles sur Canal+ à la demande/MyCanal.