La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, au lycée Pierre-Corneille, à Rouen, le 24 septembre. / CHARLY TRIBALLEAU / AFP

« Parcoursup est une vraie réussite, mais ça ne veut pas dire que des ajustements ne sont pas nécessaires. » A l’occasion de sa conférence de presse de rentrée organisée, mardi 25 septembre, sur le campus universitaire d’Orsay (Essonne), la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a tiré un bilan positif de la première année de fonctionnement de Parcoursup, la nouvelle plate-forme d’accès à l’enseignement supérieur.

955 bacheliers sans affectation en fin de procédure

Tout en estimant « qu’analyser Parcoursup sous un angle purement quantitatif [était] un contresens », le succès de la plate-forme devant se mesurer, selon elle, au travers de la future réussite des étudiants, la ministre a détaillé les derniers chiffres de cette session. Au total, ce sont plus de 2,4 millions de propositions qui ont été faites par Parcoursup à quelque 730 000 jeunes, sur les 812 000 candidats qui s’étaient inscrits sur la plate-forme, soit une moyenne de trois propositions par candidats.

Parmi eux, 583 274 ont accepté une proposition, soit « 27 000 de plus qu’en 2017 », a tenu à préciser la ministre. 92 % des lycéens qui avaient fait un vœu ont reçu une proposition. Un chiffre qui monte à 96 % pour les seuls bacheliers généraux, 88,8 % pour les bacheliers technologiques et 82,3 % pour les bacheliers professionnels. Au terme de la procédure, vendredi 21 septembre, 955 bacheliers étaient encore accompagnés par les commissions rectorales, faute d’avoir reçu et accepté une proposition. Ce sont avant tout des bacheliers technologiques et professionnels. La ministre n’a pas précisé combien d’étudiants en réorientation n’avaient pas obtenu de propositions. Ils étaient 4 000 début septembre.

« Légendes urbaines »

Frédérique Vidal a tenu à revenir sur les « légendes urbaines » et polémiques qui ont marqué cette première épreuve du feu pour Parcoursup : « discrimination des territoires ou des genres, renforcement des inégalités sociales, etc. : aucune de ces affirmations n’est confirmée », a-t-elle insisté. Elle en veut pour preuve l’augmentation de 21 % du nombre de boursiers admis dans l’enseignement supérieur (+ 28 % dans les classes préparatoires parisiennes), ou encore les 10 % de candidats en plus par rapport à 2017 ayant reçu et accepté une proposition en dehors de leur académie de résidence.

Durant la conférence de presse, qui a duré plus d’une heure et demie, la ministre a plusieurs fois répété que la plate-forme au centre de l’attention durant l’été n’était « qu’un outil » au service d’une politique d’ensemble dont l’objectif est de « favoriser la démocratisation » des études supérieures plutôt que leur « massification », comme le faisait la précédente plate-forme, Admission post-bac.

Pas de hiérarchisation des vœux, mais…

Concernant les ajustements pour la rentrée prochaine, comme elle l’avait dit ce week-end dans un entretien au Journal du dimanche, la ministre a une nouvelle fois écarté la possibilité de revenir à une hiérarchisation des vœux par les candidats, malgré les critiques sur la lenteur de la procédure. Ce système permettait sous l’ère APB d’affecter simultanément des milliers de candidats en fonction de leurs souhaits prioritaires, alors que désormais, les candidats acceptent ou refusent chaque proposition, au fur et à mesure qu’ils les reçoivent.

Est en revanche évoquée la possibilité pour les candidats ayant « une vision très claire de leurs vœux de définir par avance la réponse qu’ils apporteront aux différentes propositions qui leur sont faites ». Soit une sorte de « répondeur automatique » dont la ministre n’a pas détaillé le fonctionnement. Et dont il est, à ce stade, difficile de dire s’il correspond au système de hiérarchisation des vœux a posteriori (c’est-à-dire après les premières réponses), que plusieurs acteurs de l’enseignement supérieur (chercheurs, présidents d’université, syndicats étudiant et enseignant) appellent de leurs vœux.

Pour accélérer le processus et éviter l’attente anxiogène chez les candidats et les établissements qui ont des difficultés à remplir leur formation avant la pause estivale, la ministre a décidé de modifier le calendrier, « point majeur d’amélioration ». A l’avenir, la phase principale de Parcoursup ne se terminera pas début septembre, mais à la fin du mois de juillet. A cette date, « 97 % des candidats ont déjà accepté la proposition » qu’ils conserveront jusqu’à l’issue de la procédure, a justifié la ministre.

Dans le même objectif d’accélérer la procédure, la ministre n’a pas rejeté l’idée de raccourcir à l’avenir les délais auxquels les candidats ont droit pour répondre aux propositions qui leur sont faites.

Une meilleure information des candidats

Parmi les autres ajustements pour améliorer le fonctionnement de la plate-forme en 2019, la ministre a confirmé que sera affiché sur la plate-forme le rang du dernier appelé dans chaque formation, afin que les candidats puissent faire leurs choix « en connaissance de cause ». Sur le même principe, les taux minimaux de boursiers et les taux maximums de non-résidents de l’académie fixés pour chaque formation seront affichés sur la plate-forme dès le début de la procédure. Concernant la question de l’accès des candidats à des formations situées en dehors de leur académie, la ministre a estimé qu’« il faut aller plus loin », laissant augurer d’une hausse des taux de candidats hors académie.

Frédérique Vidal a aussi indiqué « entendre le ressenti » des candidats ayant accusé la plate-forme de discrimination à leur égard et annoncé être « prête à travailler sur l’anonymisation » des dossiers sur Parcoursup. Le dossier de presse du ministère précise que cette anonymisation, dont les modalités restent à construire, reposera entre autres sur la suppression de « la transmission aux établissements des informations qui ne sont pas nécessaires à l’examen pédagogique des vœux ».

Mais l’information des candidats aura ses limites : la ministre a une nouvelle fois opposé une fin de non-recevoir aux multiples acteurs demandant la publication des algorithmes locaux utilisés par les formations pour classer les milliers de dossiers des candidats…