C’est une première depuis 2011, un établissement d’enseignement supérieur français s’est hissé dans le top 50 des meilleures universités au monde : la communauté d’universités et d’établissements (Comue) Paris-Sciences-et-Lettres (PSL) – qui regroupe 25 « pépites » de l’enseignement supérieur hexagonal, de l’Ecole normale supérieure (ENS) Ulm aux Mines de Paris en passant par l’université Paris-Dauphine, l’Ecole pratique des hautes études, l’EHESS ou encore les Beaux-Arts…

Classé pour la première fois en tant qu’établissement unique l’an dernier, PSL fait une progression spectaculaire, passant de la 72e place à la 41e du classement mondial du Times Higher Education (THE), publié mercredi 26 septembre. Un palmarès fondé sur plusieurs critères, qui font la réputation des établissements.

PSL n’est pas le seul établissement français à se distinguer. Pour ses débuts dans le classement, Sorbonne Université et ses 54 000 étudiants – résultat de la fusion entre l’université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC) et Paris-Sorbonne en janvier 2018 – rejoint directement le club des 100 meilleures universités mondiales selon THE, à la 73e place. Lors du précédent classement, l’UPMC et Paris-Sorbonne occupaient respectivement la 123e et la 196e position. « C’est la confirmation que la création de cette nouvelle université, qui profite de la renommée de la Sorbonne et du talent de toutes ses équipes, est reconnue de niveau mondial », se félicite Jean Chambaz, président de Sorbonne Université.

Politique de regroupement des universités

Faut-il voir dans cette forte progression la conséquence de la politique de regroupement des universités mise en place par la loi Fioraso en 2013, au sein notamment de la structure de Comue ? Le rédacteur en chef des classements mondiaux du THE, Phil Baty, en est convaincu :

« La fusion a permis à ces universités d’être plus efficaces dans l’enseignement et la recherche, domaines dans lesquels elles améliorent sensiblement leurs scores, et ainsi de rejoindre les élites mondiales. »

Profitant d’une meilleure réputation, ces mastodontes français sont désormais en capacité de développer des collaborations internationales. « Avec ses grandes écoles d’un côté et ses universités de l’autre, le système d’enseignement supérieur français est difficilement compréhensible vu de l’étranger. En se regroupant, ces établissements ont amélioré leur attractivité et sont maintenant en capacité de convaincre les meilleurs talents de les rejoindre », estime Phil Baty. Alain Fuchs, président de PSL, confirme :

« La création d’une nouvelle institution a considérablement amélioré notre visibilité à l’international. Nous nous sommes rendus dans de nombreux colloques où les chercheurs interviennent tous sous le nom de PSL. Nous avons également développé des politiques de partenariats stratégiques avec des universités étrangères comme Cambridge, New York University, Columbia. Aujourd’hui, on passe un seul accord là où on en signait neuf auparavant. »

Cinq françaises entrent dans le classement

La suite du classement n’a guère bougé. Polytechnique, désormais troisième établissement français, gagne sept rangs et occupe la 108e place. Paris-Diderot rejoint le club des deux cents meilleurs établissements mondiaux (194e place), pour la première fois depuis 2016. Cinq universités ou écoles (IMT Atlantique, Centrale Nantes, université de Clermont-Auvergne, Rennes-I et l’université de Normandie) parviennent à faire leur entrée dans le classement. En revanche, l’Ecole normale supérieure de Lyon et Paris-Sud, qui figuraient respectivement à la 182e et à la 181e position dans le classement 2018, reculent et se positionnent désormais dans la fourchette entre la 201e et la 250e place. En cause : « Un score en matière de réputation nettement moins bon que l’an dernier », constate Phil Baty.

Loin derrière, les autres établissements français parviennent globalement à maintenir leurs positions, même si certains perdent du terrain, à l’instar de l’université de Bordeaux, qui passe de la fourchette 301-350 à la 401-500. « La difficulté pour les universités françaises est de parvenir à conserver leurs particularités tout en s’inscrivant dans un système international très compétitif. Pour cela elles doivent augmenter le volume de leurs recherches et leur ouverture internationale », analyse Phil Baty.

Les universités américaines dans le top 5

Ce que réussissent à faire les universités américaines, qui dominent toujours largement le palmarès. Ainsi l’université Stanford, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et le California Institute of Technology (CalTech) confortent leur position dans le top 5. Au total, sur les 50 premières universités mondiales, près d’une sur deux (24) est américaine.

« La perspective du Brexit menace l’attractivité des universités britanniques »

Bien qu’en léger recul, le Royaume-Uni est bien décidé à garder sa place de leadeur européen. Cette année encore, il réussit l’exploit d’occuper le haut du podium avec Oxford au premier rang, immédiatement suivi de Cambridge. Onze autres universités britanniques sont classées parmi les cent meilleures. « Mais la perspective du Brexit menace leur attractivité », avertit Phil Baty.

Face à cette suprématie anglo-saxonne, les établissements d’Europe continentale résistent avec 36 universités dans le top 100. Les universités allemandes tirent particulièrement leur épingle du jeu puisque huit d’entre elles sont classées dans le top 100 (dont LMU Munich à la 32place, en hausse de deux rangs, et la Charité-Universtätsmedizin de Berlin, qui a opéré une remontée spectaculaire, passant de la 126e à la 90e place. Quant aux Pays-Bas, sept universités s’affichent en haut du classement THE, dont l’université technologique de Delft, à la 58e place (en hausse de cinq rangs).

Une concurrence asiatique de plus en plus intense

Reste à savoir combien de temps les digues européennes tiendront face une concurrence asiatique, notamment chinoise, de plus en plus intense (douze établissements dans le top 100 contre dix l’an dernier). Avec quatre universités parmi les cent meilleures, Hongkong illustre à elle seule cette percée. Elle est suivie de près par trois autres établissements chinois, dont l’université Tsinghua de Pékin, qui se hisse à la 22e place mondiale, en hausse de huit rangs. Le Japon, la Corée du Sud et Singapour ont chacun deux établissements parmi les cent premiers.

« Les universités asiatiques sont en forte croissance, confirme Phil Baty. Elles offrent des moyens importants aux chercheurs et leur proposent des laboratoires très bien équipés. C’est comme cela qu’elles attirent des talents du monde entier et qu’elles les gardent. » Les Chinois développent les partenariats internationaux, observe le responsable de THE, « ils publient beaucoup en anglais, prioritairement dans les revues américaines, ce qui multiplie les chances d’être cités. Ce qui n’est pas encore toujours assez souvent le cas des universités françaises. »