Andres Manuel Lopez Obrador avec une parente de l’un des 43 disparus, le 26 septembre 2018. / ALFREDO ESTRELLA / AFP

Le président élu mexicain Andres Manuel Lopez Obrador s’est engagé, mercredi 26 septembre, à créer une commission d’enquête pour faire la lumière sur la disparition de 43 étudiants en 2014, à l’occasion du quatrième anniversaire de ce drame.

La disparition de ces étudiants de l’école normale d’Ayotzinapa, dans l’Etat méridional de Guerrero, continue de hanter le Mexique. Ce drame est devenu le symbole des violences qui secouent ce pays et des problèmes qui les sous-tendent, comme les liens entre les cartels de drogue et certains responsables politiques corrompus.

S’exprimant à l’issue d’une rencontre avec les familles des victimes, Lopez Obrador a annoncé qu’il signerait, dès sa prise de fonctions le 1er décembre, « un décret pour créer une commission d’enquête (…) pour parvenir à la vérité et à la justice » dans cette affaire « triste et lamentable ».

Livrés au cartel

Il a également annoncé qu’il ouvrira « les portes du futur gouvernement et [du] pays aux organisations internationales de défense des droits de l’homme, qui ont aidé contre vents et marées à ce que ce cas ne soit pas enterré ».

Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, des étudiants de l’école normale rurale d’Ayotzinapa, qui s’étaient emparés de cinq autocars pour aller manifester à Mexico, avaient été attaqués par des agents de la police municipale d’Iguala, sur ordre du maire. Selon les autorités, les policiers les ont ensuite livrés au cartel des Guerreros Unidos, qui les aurait confondus avec les membres d’un cartel rival et les aurait tués, avant d’incinérer leurs corps dans une décharge.

Mais des experts indépendants de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) ont contesté cette version dans un rapport paru en 2015, précisant qu’autant de corps n’avaient pu être incinérés dans ce lieu.

La création d’une commission d’enquête, soutenue internationalement, est l’une des exigences des familles. « Nous ne saurons jamais ce qui s’est passé si nous ne nous appuyons que sur le système judiciaire [mexicain] », a expliqué à la presse l’avocat des familles, Vidulfo Rosales, peu avant la rencontre avec le leader de gauche.

« Soutenir l’insoutenable »

L’ONU a également exprimé, à plusieurs reprises, des critiques à l’encontre de la version officielle du gouvernement, la qualifiant d’« intenable ». « Il est inquiétant que le gouvernement se soit obstiné à soutenir l’insoutenable et essayé de réduire au silence ou de discréditer des voix qui remettaient [cette version] en question », a dénoncé le bureau mexicain du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme dans un communiqué.

Selon certains experts indépendants, les étudiants ont pu être attaqués, après avoir détourné par inadvertance un car chargé d’héroïne à destination des Etats-Unis, dans cet Etat où les cartels se disputent violemment le contrôle des routes de la drogue.

L’an dernier, le Mexique a enregistré le chiffre record de 28 702 homicides, et les découvertes de fosses clandestines sont devenues monnaie courante dans le pays.