Le site Ascoval de  Saint-Saulve (Nord), le 29 janvier. / FRANCOIS LO PRESTI / AFP

C’est un répit de courte durée, mais peut-être cela suffira-t-il à assurer un avenir aux 281 salariés de l’aciérie d’Ascoval. Mercredi 26 septembre, les administrateurs judiciaires de la société, à la demande du gouvernement, ont obtenu auprès du tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg, un sursis de quatre semaines pour consolider le projet de reprise de l’aciérie de Saint-Saulve, dans le Valenciennois. Les syndicats espèrent désormais un épilogue positif après de longs mois d’attente.

En février, Ascometal, le propriétaire à 60 % d’Ascoval avait été repris à la barre de la chambre commerciale du TGI de Strasbourg par le groupe Schmolz + Bickenbach. Cependant, l’aciériste suisse avait refusé de prendre possession de l’usine des Hauts-de-France, codétenue par Vallourec à 40 %. Afin d’assurer un premier sursis d’un an, le groupe parapétrolier et le sidérurgiste helvète avaient accepté de maintenir jusqu’au 31 janvier 2019 un volume de commandes suffisantes à un prix au-dessus du marché pour lui permettre de se trouver un avenir.

Seul Altifort a déposé un dossier ferme

En juillet, trois candidats se sont manifestés auprès des magistrats strasbourgeois pour reprendre l’usine, mais seul Altifort, une société franco-belge a finalement déposé un dossier ferme. Créé en 2013, ce groupe industriel a repris neuf sites, notamment à Vallourec et ArcelorMittal. « A la fin de l’année, nous devrions compter 1 500 salariés et réaliser 200 millions d’euros », avance Bart Gruyaert, son directeur général. « Notre volonté est d’installer à proximité de l’aciérie un train à fil pour transformer l’acier en filin afin de pouvoir s’adresser à divers clients, au lieu du seul Vallourec », détaille-t-il.

Altifort propose au tribunal d’investir quelque 140 millions d’euros, financés grâce à des fonds propres, des prêts bancaires, des fonds d’investissement ainsi que diverses aides publiques. En échange, la société propose de maintenir 181 emplois et d’en créer 133 supplémentaires. « Pour cela, a rappelé Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, après une réunion avec les syndicats de l’usine mardi matin à Bercy, Altifort a besoin de financements complémentaires. » Dans le détail, la société demande à Vallourec la prise en charge, à hauteur de 6 millions d’euros, des comptes épargne-temps des salariés sur la période avant 2017, quand l’usine était détenue par Vallourec.

De même, la société franco-belge souhaiterait que le groupe parapétrolier finance pour 12 millions d’euros la remise en état des halles pour installer le train à fil. Enfin, Altifort voudrait obtenir pour 50 millions d’euros de commandes pendant dix-huit mois : plus de 200 000 tonnes d’acier à 248 euros la tonne… « Par rapport à un autre approvisionnement, cela représente un surcoût de 20 à 30 millions d’euros », précise un observateur du dossier.

« L’Etat s’engage »

Dans un communiqué envoyé mardi, Ascoval soutient le plan d’Altifort, sachant qu’elle a déjà fait une partie du chemin en réduisant drastiquement ses coûts depuis 2017. La productivité a progressé de 30 % en deux ans. Le prix de la tonne revient à 270 euros, contre encore 400 euros il y a deux ans. « A l’avenir, nous voulons encore améliorer ce coût, en passant à 185 euros la tonne », précis Bart Gruyaert.

Pour l’instant, M. Le Maire ne veut pas promettre la lune. « Ce dont nous sommes convenus, c’est de travailler exclusivement sur cette option de reprise. Ça va être difficile, je ne l’ai pas caché aux salariés, la conjoncture n’est pas bonne, Vallourec n’est pas en meilleure forme non plus, donc c’est compliqué mais nous devons mettre toutes nos énergies à garantir la pérennité du site. »

« Le cap est enfin donné, se satisfait Bruno Kopczinsky, porte-parole de l’intersyndicale de l’usine. Le ministre s’est engagé pour le plan Altifort. L’Etat, qui détient 16,22 % de Valourec, va utiliser sa position d’actionnaire pour que Vallourec prenne ses responsabilités. Enfin, l’Etat s’engage. On est soulagé. On avance. » M. Gruyaert confirme : « Que le ministre s’engage pour la reprise d’Ascoval est un premier signe positif ! »