Christophe Castaner, Délégué général de La République En Marche, le 14 septrembre. / JULIEN MUGUET POUR LE MONDE

Cap sur les élections européennes. À huit mois du scrutin de mai 2019, La République en marche (LRM) a lancé sa campagne, en organisant une réunion publique à Paris, mercredi 26 septembre. Le délégué général du mouvement présidentiel, Christophe Castaner a sonné la mobilisation des troupes et repris à son compte le clivage dessiné par Emmanuel Macron en présentant cette bataille électorale comme un « combat » entre les « progressistes » et les « nationalistes ». Aussi bien sur la scène européenne que nationale.

Fustigeant les « démagogues », qui n’ont comme « seul programme que le renoncement », M. Castaner a mis dans le même sac Viktor Orban, Matteo Salvini, Marine Le Pen et Laurent Wauquiez. « À quoi jouent-ils ces pyromanes ? Affaiblir l’Union européenne, c’est affaiblir les pays européens », a-t-il déploré, en qualifiant d’« ennemis de l’Europe et des peuples de l’Europe » le ministre italien de l’intérieur et chef de file de la Ligue (extrême droite), le premier ministre nationaliste hongrois, la présidente du Rassemblement national (ex-FN) et le président du parti Les Républicains. « Contrairement à eux, je n’ai pas l’Europe honteuse », a-t-il poursuivi devant près de 1 300 personnes (selon les organisateurs).

« Refondation »

« Réveillons-nous ! La paix n’est pas acquise », a encore déclaré le patron du parti présidentiel, estimant qu’« il faut armer l’Europe pour défendre » les intérêts de ses 28 États membres. À ses yeux, une « refondation » est nécessaire pour relancer le projet européen, menacé par l’émergence des nationalistes dans de nombreux pays. « C’est parce que nous aimons l’Europe que nous voulons la changer », a souligné M. Castaner, dans une formule qui ressemblait à un slogan de campagne. Un an après le discours de la Sorbonne de M. Macron, le délégué général de LRM a aussi vanté le bilan européen du chef de l’État, en mettant notamment en avant la directive sur les travailleurs détachés.

Assumer un positionnement pro-européen, oui. Mais pas question, pour autant, de passer pour des idéalistes. « Nous ne sommes pas des eurobéats. Nous n’avons pas vocation à être des idiots utiles du village global », a déclaré peu avant le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. Avant de résumer la position des macronistes : « le débat, ce n’est pas plus d’Europe ou moins d’Europe mais mieux d’Europe. » De manière à construire « une Europe qui protège », selon les mots de la ministre chargée des affaires européennes, Nathalie Loiseau, qui a elle aussi dressé le tableau d’un projet européen « menacé de l’extérieur », en particulier par la diplomatie offensive du président américain, Donald Trump, mais aussi « de l’intérieur », à cause « des nationalistes », qui « attaquent les valeurs mêmes de l’Europe ». Sans les citer, elle aussi avait dans son viseur MM. Orban et Salvini, désignés comme « des adversaires » qu’il convient d’« affronter ».

Appel à candidature

Pour la ministre, l’Europe est « l’échelle » adéquate pour régler des problèmes globaux tels l’urgence climatique ou la crise migratoire. « Les défis, on ne les résoudra pas en se refermant derrière des frontières », a lancé Mme Loiseau. Un discours repris par M. Castaner, qui a appelé à un large rassemblement des forces pro-européennes dans l’objectif de créer un groupe au Parlement européen, tout comme sur la scène politique française. Alors qu’Alain Juppé et ses partisans menacent de se présenter de manière autonome, le délégué général de LRM leur a tendu la main, en se disant « ouvert à tous ceux qui se reconnaissent » dans le projet de sa formation.

Il a également lancé son appel à candidature pour les élections européennes, en invitant en particulier les femmes à se présenter afin de respecter la « parité ». Et s’est félicité de la Grande marche pour l’Europe organisée par le mouvement au printemps dernier, qui a permis, selon lui, de frapper à plus de 130 000 portes et d’interroger près de 80 000 personnes pour recueillir leur vision du continent et s’en servir pour bâtir le projet de LRM.

Si M. Macron et ses partisans visent la première place, le défi s’avère toutefois ardu dans un contexte de repli nationaliste et de montée des populismes sur tout le Vieux Continent. La persistance d’un euroscepticisme dans l’opinion et l’éventualité d’une forte abstention – traditionnellement élevée aux européennes, en France (56 % en 2014, plus de 59 % en 2009) – rendent compliqués les espoirs de conquête du chef de l’Etat et de ses troupes. « La tâche est rude, a admis M. Griveaux. Nous devons nous retrousser les manches. » « L’Europe est un combat ! Mobilisez-vous ! », a conclu M. Castaner.