France 3, jeudi 27 septembre à 23 h 45, documentaire

Chaque mois, entre Bruxelles et Strasbourg, c’est le même « cirque itinérant [qui] exaspère nos concitoyens », comme le dit ironiquement une députée européenne. Les 751 parlementaires quittent la Belgique pour s’installer quatre jours dans l’est de la France, afin de participer aux séances plénières. Cette session mensuelle entraîne un immense barnum entre les deux villes, au grand dam de certains élus. Alors, chaque mois, c’est la même routine : dans les entrailles du Parlement version belge, des employés transportent des centaines de malles volumineuses contenant les documents des députés. Ces grosses valises sont ensuite acheminées jusqu’en France par des poids lourds. Et ce n’est pas tout : des dizaines de chauffeurs – au volant des voitures de fonctions – font aussi le voyage.

Pour les collaborateurs des députés, des TGV sont spécialement affrétés. Et pour eux, comme pour les autres employés de l’Union européenne (tels que les huissiers), une autre galère commence : il faut trouver un endroit où dormir. Mais à Strasbourg, les prix ont tendance à exploser lors des sessions plénières, et le manque d’hôtels en oblige certains à séjourner de l’autre côté de la frontière, en Allemagne.

Cette transhumance administrative gêne des parlementaires, qui dénoncent son coût exorbitant, estimé à 114 millions d’euros par an, « prélevés dans la poche du contribuable », comme le répète le conservateur britannique Ashley Fox. Alors, dans l’Hémicycle, une bataille fait rage entre les élus exigeant un seul siège basé à Bruxelles et ceux attachés à la ville alsacienne, qui incarne le rapprochement entre la France et l’Allemagne depuis la fin de la seconde guerre mondiale. « Nous, partisans du siège unique, voulons un Parlement européen plus efficace, moins polluant et moins dépensier. Nous refusons qu’un symbole de paix devienne un symbole de gaspillage. Il n’y a pas de mission impossible si telle est la volonté du peuple », argue, toutefois, l’eurodéputée suédoise Anna-Maria Corazza Bildt.

Tourné sans commentaire, comme le faisaient jadis les films du magazine Strip-tease, Vive la politique ! Le grand déménagement montre, côté coulisse, ce grand va-et-vient entre les deux sièges européens. Frustré par sa durée (25 minutes), on aurait aimé être davantage immergé dans ce « grand déménagement ».

Vive la politique ! Le grand déménagement, d’Olivier Lamour (France 3, 2017, 25 min).