Les démocrates ont de bonnes raisons d’espérer emporter la majorité à la Chambre des représentants, le 6 novembre lors des élections de mi-mandat. Et leurs attentes ne sont pas totalement infondées. Les chiffres tout d’abord : il leur suffit d’arracher 23 sièges (sur 435) aux républicains pour faire basculer l’une des composantes du Congrès américain. Or plusieurs dizaines de districts dans de nombreux Etats sont jugées « prenables » par les candidats démocrates. Selon le site Real clear politics, 11 sièges aujourd’hui républicains seraient déjà acquis à leurs adversaires tandis que 38 autres auraient de bonnes chances de basculer.

Cinq champs de bataille

Le New York Times a de son côté identifié 75 districts disputés, divisés en « cinq champs de bataille ». Il ne s’agit pas de répartition géographique, précise le journal, mais de régions comparables par leurs caractéristiques sociales, culturelles et démographiques. Ainsi, dans les banlieues de grandes villes ou les zones en expansion démographique, la croissance des populations d’origine hispanique ou asiatique bénéficient aux démocrates, tandis que le président américain Donald Trump y est particulièrement impopulaire.

En second lieu, les banlieues riches, blanches et éduquées, traditionnellement acquises aux républicains, pourraient être fragilisées par les réticences de certains de ces électeurs envers M. Trump ; cela a d’ailleurs obligé quelques-uns des candidats républicains à prendre leurs distances avec le président.

En outre, les districts couvrant à la fois des banlieues de villes moyennes et des parties rurales, ayant voté majoritairement pour M. Trump en 2016, sont aussi désormais disputés. Les démocrates y ont envoyé des candidats modérés, susceptibles de rallier des votes, précise le quotidien. Et, même dans les régions rurales toujours loyales au président, quelques candidats démocrates pourraient renverser des tendances en insistant sur des sujets comme l’assurance santé et les retraites.

Terrain perdu pendant Obama

Vox évalue également les chances qu’ont les démocrates de « regagner le terrain perdu sous les deux mandats de Barack Obama ». Le magazine met, lui, l’accent sur les élections locales et les milliers de sièges en jeu, qui vont redessiner les majorités dans les législatures au niveau des Etats. Leurs résultats pourraient avoir des conséquences « jusqu’en 2030 » sur des sujets aussi variés que l’assurance maladie, le droit à l’avortement, le financement de l’éducation…

En effet, les législateurs élus en novembre seront en poste en 2020 lorsqu’aura lieu le prochain recensement et avec lui le redécoupage des districts pour les élections suivantes à la chambre des représentants. Vox rappelle que le découpage électoral effectué par la majorité républicaine depuis plusieurs années a pénalisé les démocrates. Le comité électoral du Parti démocrate a ainsi identifié dix-sept sièges, dans huit Etats, dans lesquels la majorité pourrait basculer à leur avantage.

Le relatif optimisme des démocrates s’explique

Depuis plusieurs semaines, les sondages semblent confirmer leur avantage sur les républicains dans les intentions de vote : selon le site d’informations politiques The Hill, 44 % des électeurs assurent qu’ils voteront pour un candidat démocrate dans leur district tandis que 36 % se disent certains de préférer un républicain. Le fossé est encore plus profond selon une enquête du Pew research center : 52 % des électeurs seraient prêts à voter démocrate contre 42 % pour un candidat républicain. Et alors que les électeurs démocrates étaient beaucoup moins motivés que les républicains pour se déplacer en 2014, ils sont 67 % contre 59 % pour les républicains à se déclarer « enthousiastes » pour cette élection.

D’une manière générale, précise aussi le Washington Post, « le parti au pouvoir à la Maison Blanche perd presque toujours des sièges lors des élections de mi-mandat, surtout quand le taux de satisfaction du président est inférieur à 50 % », ce qui est largement le cas pour M. Trump (aux environs de 40 %).

Par ailleurs, ajoute le quotidien, une série d’élections partielles a récemment montré une forte mobilisation chez les démocrates. Enfin, ces derniers peuvent aussi compter sur une donnée inattendue : un nombre record de sièges pour lesquels le candidat républicain ne se représente pas (41) a été enregistré cette année, des conditions qui facilitent généralement un changement de majorité.