LES CHOIX DE LA MATINALE

Au programme cette semaine : le peintre japonais Ito Jakuchu et son splendide bestiaire de soie au Petit Palais ; le Crac des Chevaliers à l’honneur à la Cité de l’architecture et du patrimoine ; des concerts consacrés à Couperin et Chopin à l’abbaye de Royaumont et à l’église Notre-Dame de Pontoise ; un parcours artistique et nocturne à Floirac (Gironde) ; des soirées contes à Malakoff, Paris et Sochaux ; la jeune création chorégraphique contemporaine réunie à Vitry-sur-Seine pour la 26e édition des Plateaux ; la District 13 Art Fair à l’hôtel Drouot.

EXPOSITION. Le bestiaire de soie de Jakuchu au Petit Palais

« Nandina et coq » (1765), d’Ito Jakuchu, Tokyo, Musée des collections impériales. / AGENCE DE LA MAISON IMPÉRIALE

Il ne faut pas manquer l’occasion de découvrir, au Petit Palais, le chef-d’œuvre du peintre japonais Ito Jakuchu (1716-1800). Exposés jusqu’au 14 octobre seulement en raison de leur extrême fragilité, les trente rouleaux de soie composant l’ensemble intitulé Images du royaume coloré des êtres vivants, sont montrés en Europe pour la première fois. Finesse et précision du trait, harmonie des couleurs, élégance de la composition : on est ébloui par la virtuosité de l’artiste à représenter animaux de basse-cour, oiseaux, insectes et poissons, dans des décors végétaux évoluant au fil des saisons. Cette passion pour la faune et la flore, qui rappelle celle des encyclopédistes en France à la même époque, le peintre la développa alors qu’il était grossiste en légumes à Kyoto. La nature l’émerveille et l’observer nourrit sa créativité. C’est toute la symbolique zen que ce bouddhiste décline dans ses peintures, ce qui explique qu’il réussisse à fasciner en représentant un ballet de carpes ou un combat de volailles. Sylvie Kerviel

Petit Palais, avenue Winston-Churchill, Paris 8e. Du mardi au dimanche, de 10 heures à 18 heures ; nocturnes le vendredi jusqu’à 21 heures et les samedi et dimanche jusqu’à 20 heures. De 9 € à 11 €. Jusqu’au 14 octobre.

PATRIMOINE. Le Crac des Chevaliers à la Cité de l’architecture et du patrimoine

Le Crac des Chevaliers en Syrie est, depuis 2013, sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’Unesco. / NEV1

Thomas Edward Lawrence (1888-1935), dit « Lawrence d’Arabie », le tenait pour « le plus beau des châteaux du monde, certainement le plus pittoresque qu[’il ait vu], une véritable merveille ». Trois cents mètres de long et 140 mètres de large, juché en Syrie sur une monumentale éminence rocheuse, le Crac des Chevaliers porte toujours beau. Au XIIe siècle, à partir d’une fortification disparue, les moines-soldats de l’ordre des Hospitaliers font de l’endroit une étape majeure au service des croisades. D’abord consolidé, l’ouvrage intègre une chapelle, puis, un talus, un glacis vertigineux ainsi qu’une galerie dans un style gothique très pur. Renforcée par les Mamelouks du sultan de Baybars qui en prennent possession à la fin du XIIIe siècle, le Crac passe sous domination ottomane au XVIe siècle, tandis que les croisades n’occupent plus l’esprit de la chrétienté. La citadelle se fait peu à peu oublier. Jusqu’à ce qu’à la faveur d’une redécouverte au XIXe siècle et, surtout, du mandat sur la Syrie et le Liban confié à la France, l’historien et archéologue Paul Deschamps, à partir de 1926, ne fasse de l’édifice « le témoin le plus majestueux de l’art français en Orient »… Le Crac est rétrocédé à la Syrie en 1949. Jean-Jacques Larrochelle

Cité de l’architecture et du patrimoine, 1, place du Trocadéro et du 11-Novembre, Paris 16e ; galerie des moulages, salle Viollet-Le-Duc. Tous les jours, de 11 heures à 19 heures, sauf le mardi ; nocturne le jeudi jusqu’à 21 heures. De 6 € à 8 €, accès au musée compris. Jusqu’au 14 janvier 2019.

MUSIQUE CLASSIQUE. Couperin et Chopin célébrés à Royaumont et à Pontoise

Le Festival de Royaumont propose 40 concerts et spectacles, du 25 août au 7 octobre dans le Val-d’Oise. / ABBAYE DE ROYAUMONT

Pas besoin de Journées du patrimoine pour pousser jusqu’à Royaumont, véritable havre de paix et de culture à 30 kilomètres au nord de Paris. Ce week-end, qui s’annonce riche, rassemble deux grands compositeurs que presque deux siècles séparent : le claveciniste français, François Couperin, et le pianiste franco-polonais, Frédéric Chopin. Honneur à Couperin, samedi 29 septembre, avec Bruits de guerre et chants d’oiseaux par l’ensemble Sarbacanes. Après le concert de présentation d’un nouveau clavecin (la copie d’un Antoine Vater de 1732 confiée au facteur Emile Jobin), Jean-Luc Ho, nouveau claveciniste en résidence à Royaumont, s’entourera de musiciens pour célébrer « Les Nations » : la Françoise, la Piémontoise, en partenariat avec le Festival baroque de Pontoise. Le dimanche 30 septembre, mouvement inverse pour Chopin : c’est sur un instrument d’époque que le lauréat du prestigieux concours Chopin de Varsovie, Naruhiko Kawaguchi, jouera un florilège de valses, ballade, études et polonaises. Prélude à un Concert dans un salon parisien de 1830 (avec la soprano Jeanne Mendoche), puis « Chopin et le bel canto » qui convoquera la mezzo Eva Zaïcik, le pianofortiste Edoardo Torbianelli, et l’Orchestre des pays de Savoie sous la direction de Nicolas Chalvin dans des œuvres de Bellini, Boieldieu, Rossini. Marie-Aude Roux

Festival de Royaumont, à Asnières-sur-Oise (Val-d’Oise). Abbaye de Royaumont et église Notre-Dame de Pontoise. Tél. : 01-30-35-59-00. De 7,50 € à 35 €. Les 29 et 30 septembre.

ARTS. Un parcours vert, nocturne et artistique à Bordeaux

Affiche de la manifestation La Nuit Verte à Floirac (Gironde). / LA RIVE DROITE

Une semaine avant la Nuit blanche parisienne, Bordeaux organise également une déambulation artistique nocturne, mais nimbée de vert, samedi 29 septembre. Quinze installations d’art contemporain seront visibles par le public, invité à se promener à partir de 21 heures dans le parc de l’ancien observatoire astronomique de Bordeaux, situé à Floirac, sur le coteau de la rive droite de la Garonne. Interactives pour certaines, les œuvres ont toutes été conçues dans une volonté de dialogue avec les spécificités paysagères et patrimoniales du site, exceptionnellement ouvert aux visiteurs. Parmi les artistes invités, Thierry Boutonnier présentera Les Myconautes, création vidéo mêlant images scientifiques de développement de champignons, récits de rêves et observations célestes ; la compagnie Androphyne donnera une représentation de Dust Devils, spectacle de danse inspiré des phénomènes climatiques ; Florent Colautti et Erik Lorré joueront Le Chant des étoiles, traduction sonore et visuelle de phénomènes observés dans l’espace intersidéral… Ce parcours singulier sera agrémenté d’un pique-nique à partir de 20 heures. S. Ke.

Parc de l’Observatoire, à Floirac (Gironde). Accès libre au site à partir de 19 heures. Le 29 septembre.

ARTS DU RÉCIT. Soirées à Malakoff et à Sochaux, nuit des contes à Paris

Charles Piquion, Didier Kowarsky et Myriam Pellicane. / MARIE-CHARLOTTE DUTHEIL / « LE PARISIEN » ET VAGABONDE / CIE IZIDORIA

Deux associations très actives dans la promotion et la diffusion des arts du récit, mouveLOReille en région parisienne et A la lueur des contes dans l’Est de la France, ont choisi le même jour, samedi 29 septembre, pour leur ouverture de saison 2018-2019. La première propose, à la Bibliothèque associative de Malakoff (BAM !) à 20 heures, une soirée spéciale avec le conteur Charles Piquion autour du thème des frontières, qui sera au cœur de la deuxième édition de « Contes et Rencont’es » (avec un rendez-vous programmé chaque deuxième mercredi du mois à la BAM ! et divisé en trois temps : une scène ouverte, un repas partagé façon « auberge espagnole » et un spectacle au chapeau). La seconde présente, à La Mals – Théâtre de Sochaux à 20 h 15, en partenariat avec le festival Conte & Compagnies, un spectacle de Myriam Pellicane et Didier Kowarsky, Une vieille licorne, un conte gothique insolite mêlant chants, mythes et poèmes. Une façon originale de lancer la programmation « Ça conte » au pays de Montbéliard. Et pour les féru(e)s d’histoires, le lieu associatif Cafézoïde (Café des enfants et de leurs familles à Paris) propose de passer toute une nuit à écouter des conteurs et conteuses, à partir de samedi soir, 19 heures. Cristina Marino

Charles Piquion à la BAM !, 14, impasse Carnot, Malakoff (Hauts-de-Seine). Myriam Pellicane et Didier Kowarsky à La Mals – Théâtre de Sochaux, 4, rue de l’Hôtel-de-Ville, Sochaux (Doubs). Entrée libre et participation au chapeau. Nuit des contes au Cafézoïde, 92 bis, quai de la Loire, Paris 19e. Participation libre. Le 29 septembre.

DANSE. La jeune création internationale aux Plateaux, à Vitry-sur-Seine

Le chorégraphe italien Andrea Costanzo Marini. / YAIR MEYUHAS

Sous le titre générique Visions élargies, la 26e édition des Plateaux déroule pendant quatre jours, du 26 au 29 septembre, un tapis rouge pour quinze spectacles de chorégraphes peu connus. Basée à La Briqueterie et au Théâtre Jean-Vilar, à Vitry-sur-Seine, cette manifestation-tremplin pour la jeune création internationale, avec dix pays représentés et un marché de la danse, présente cette année la plupart des pièces dans leur intégralité. Après le Grec Christos Papadopoulos qui ouvrait le rendez-vous, place, vendredi 28 septembre, aux Québécois Manuel Roque et Brésilien Calixto Neto, mais aussi au Français Raphaël Soleilhavoup. Samedi 29, l’Australien James Batchelor, l’Espagnol Quim Bigas Bassart et l’Italien Andrea Costanzo Martini clôtureront ces Plateaux bien chargés. Rosita Boisseau

Les Plateaux de La Briqueterie, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). De 6 € à 12 €. La journée : 15 €. Tél. : 01-46-86-17-61. Les 28 et 29 septembre.

ARTS URBAINS. District 13 Art Fair à l’hôtel Drouot, à Paris

DISTRICT 13 ART FAIR

Il s’était fait connaître du grand public en 2013 avec la Tour 13, exposition à l’échelle d’une tour d’habitation vouée à la destruction qui avait propulsé le street art sur le devant de la scène à Paris. Cette année, c’est l’hôtel des ventes de Drouot que Mehdi Ben Cheikh investit à tous les étages pour une foire dédiée aux arts urbains. Une foire dans une maison de vente, c’est curieux, puisque ça juxtapose deux temporalités du marché de l’art : les galeries, qui représentent les artistes, et le deuxième marché, de revente. Le mélange des genres sied à l’hôte, Drouot, qui clôturera l’événement par une vente aux enchères (dimanche 30 à 16 h 30) de vingt pièces exposées au sein de la foire. Autre curiosité : c’est un galeriste qui organise la foire, Mehdi Ben Cheikh étant le directeur de la galerie Itinerrance, dans le 13e arrondissement (d’où le nom de District 13 Art Fair). Sa foire a vocation internationale, avec une vingtaine de jeunes galeries venues des Etats-Unis, de Suisse, d’Hongkong, d’Italie, du Royaume-Uni, d’Espagne, de Tunisie ou du Chili, mais aussi de toute la France (Marseille, Nice, Mulhouse, Montpellier), en plus d’une poignée de parisiennes. Invitée insolite, la revue HEY ! vient greffer l’univers du tatouage à ce nouveau rendez-vous. En marge des accrochages est organisée une série de conférences-débats : avec l’Américain Shepard Fairey (vendredi à 18 heures), sur le muralisme à travers le monde en présence des artistes Seth et Inti, et sur la scène montpelliéraine en présence des artistes Maye et Momies (dimanche à 11 heures). Emmanuelle Jardonnet

District 13 Art Fair, à l’hôtel Drouot, 9, rue Drouot, Paris 9e. Entrée journée : 10 €, pass 4 jours : 15 €. De 11 heures à 20 heures le vendredi et le samedi ; de 10 heures à 19 heures le dimanche. Accès libre à la vente aux enchères à 16 h 30 dimanche. Du jeudi 27 au dimanche 30 septembre.