Compte Instagram de Tara Farès, assassinée jeudi 27 septembre à Bagdad.

Sa dernière photo datait du 13 septembre. Elle y apparaissait dans la nuit, vêtue d’une combinaison bustier à rayures, enroulée dans un néon violet d’où s’échappait deux ailes vertes, et une couronne blanche. « Je perds mes ailes », écrivait Tara Farès, 22 ans, récoltant plus de 100 000 « likes » pour son cliché.

La jeune femme, qui affichait sa vie et sa féminité sur le réseau social Instagram depuis plusieurs années et comptait quelque 2,7 milllions d’abonnés, a payé le prix fort pour avoir « choisi la vie », comme elle le disait. Jeudi 27 septembre à Camp Sarah, un quartier du centre de Bagdad, Tara Farès à été atteinte de « trois tirs mortels », selon le ministère de l’intérieur.

Depuis, l’assassinat du mannequin irakien a provoqué l’émoi dans le pays. Le ministère a annoncé l’ouverture d’une enquête pour identifier le ou les auteurs des tirs sur cette star des réseaux sociaux alors qu’elle conduisait sa Porsche blanche décapotable aux fauteuils rouges.

Punie pour son mode de vie

Pour les internautes, qui trouvent dans les réseaux sociaux un espace de liberté dans un pays conservateur, la jeune femme de 22 ans a été punie pour son mode de vie, détonant en Irak. La blogueuse, qui voyageait souvent et se signalait rarement à Bagdad où elle est née, postait régulièrement sur Instagram des photos d’elle, blonde, rousse ou brune selon les périodes. Sur ces clichés, elle y exhibait aussi ses tatouages, manucures et tenues exubérantes, qui ne manquaient pas de provoquer le débat. 

« Celui qui trouve une excuse à ceux qui tuent une fille uniquement parce qu’elle a décidé de vivre comme la plupart des filles de la planète est complice de son meurtre », a écrit en réaction Ahmad al-Basheer, satiriste exilé en Jordanie dont l’émission qui tourne en dérision la politique irakienne est très suivie et lui a valu des menaces de mort.

Mercredi soir, la mission de l’ONU en Irak (Unami) s’était également alarmée de la mort –par balles aussi – d’une autre femme célèbre, la militante des droits de l’homme Souad al-Ali, à Bassora. La police a affirmé que cette Irakienne de 46 ans avait été assassinée par son ex-mari pour un différend familial. L’Unami a toutefois rappelé « condamner tout acte de violence, en particulier contre les femmes, dont le meurtre, les menaces et l’intimidation, comme des actes totalement inacceptables ».