L’ex-numéro deux d’Air Canada a décidé de faire de la résolution du conflit social qui agite la compagnie aérienne française depuis le début de l’année sa priorité. Deux semaines seulement après son arrivée à la direction exécutive d’Air France-KLM, Benjamin Smith rencontre pour la première fois, lundi 1er octobre, l’intersyndicale en vue de relancer le dialogue sur la question cruciale des salaires, en suspens après une série de grèves et la démission jeudi dernier du précédent patron du groupe, Franck Terner.

Le départ du directeur général d’Air France, qui était en première ligne dans les négociations tendues avec l’intersyndicale au premier semestre, signale un nouveau cycle dans les discussions sur les salaires. D’autant que c’est Ben Smith lui-même qui le remplace à ce poste, un intérim censé durer au maximum jusqu’à fin décembre, le temps de trouver un remplaçant.

Départ de Gilles Gateau

Autre départ annoncé lundi matin : celui de Gilles Gateau, directeur général adjoint de la compagnie chargé des ressources humaines. Cet ancien collaborateur de Manuel Valls à Matignon, très contesté par l’intersyndicale, cessera ses fonctions le 12 octobre « avant de quitter l’entreprise », selon des sources syndicales reprenant une communication interne.

Composée d’organisations de pilotes (SNPL et Alter), d’hôtesses et stewards (SNPNC, UNSA-PNC, CFTC, SNGAF) et de personnels au sol (CGT, FO et SUD), l’intersyndicale réclame toujours une hausse générale des salaires de 5,1 %, correspondant à l’inflation sur la période 2012-2017. Si M. Smith a déjà rencontré séparément plusieurs syndicats représentatifs, dont la CFE-CGC, la CFDT et le SNPL, premier syndicat des pilotes d’Air France, l’intersyndicale lui permettra de s’entretenir avec des syndicats non représentatifs et d’aborder directement la question des salaires.

La partie sera serrée

La partie sera serrée. Quinze journées de grève de février à mai ont coûté 335 millions d’euros à la compagnie et le conflit a débouché sur la démission de Jean-Marc Janaillac, désavoué par le personnel lors d’une consultation sur un accord salarial lancée par la direction.

L’annonce de la rémunération de Ben Smith, nommé le 16 août après trois mois de laborieuses recherches, avait fait grincer des dents du côté des salariés, et la nationalité étrangère du dirigeant de 47 ans avait été décriée par certains syndicats. Depuis sa prise de fonctions, M. Smith a tenté de montrer patte blanche, tant auprès des représentants du personnel que des salariés, en allant très vite à la rencontre des syndicats et en promettant en français, dans une vidéo interne, d’investir 50 % de sa rémunération fixe en titres du groupe.

Exaspérés par un dialogue salarial au point mort depuis le printemps et six ans de gel des salaires, les syndicats veulent des avancées rapides. « On attend quelque chose de cette réunion, on va voir la tonalité » qu’elle prendra, a déclaré Pierrick Palanque, membre du bureau du SNPL Air France, juste avant la rencontre. « Ce sera décisif », a-t-il estimé, soulignant que l’intersyndicale se concerterait ensuite. Quant à Christophe Malloggi, de FO, il espère « une nouvelle dynamique » dans les négociations sur les salaires. La CGT a pour sa part averti que « la proposition que fera Benjamin Smith » lors de la réunion avec l’intersyndicale « sera déterminante sur la relance ou le solde du conflit », en se disant « prête à repartir au combat ».