Les Etats-Unis et le Canada s’opposent sur les mécanismes de résolution des conflits commerciaux. / Edgard Garrido / REUTERS

Le suspense continuait dimanche 30 septembre au soir sur la possibilité pour le Canada de conclure une entente avec les États-Unis sur la réforme de l’Accord de libre-échange nord américain (Aléna) à temps pour respecter la date butoir fixée par Washington à minuit. « Beaucoup de progrès, mais nous n’y sommes pas encore », a déclaré l’ambassadeur du Canada à Washington David MacNaughton, qui se trouvait avec la délégation canadienne rassemblée à Ottawa, avant de repartir pour Washington dans la soirée. Les discussions se déroulent par téléphone avec les négociateurs américains, contrairement aux précédentes sessions de négociations.

Le quotidien The Globe and mail, citant des sources de part et d’autre de la frontière, avait indiqué un peu auparavant que les négociateurs canadiens et américains étaient tout près d’un accord. Selon ces sources, l’essentiel du travail serait terminé. Mais il resterait des détails à régler notamment sur certaines formulations et sur les modalités d’une annonce officielle qui pourrait ne pas intervenir avant lundi matin, avait ajouté le journal.

Une source au bureau du premier ministre a toutefois indiqué à l’AFP qu’il « n’y avait pas encore d’accord ». « Les négociations se poursuivent. Nous demeurons concentrés sur le contenu de l’accord, pas sur le timing », a précisé Adam Austen, porte-parole de la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland.

Résultats lundi

À Washington, Peter Navarro, conseiller du président américain pour le Commerce, a affirmé que les deux parties négociaient « de bonne foi », et que l’on connaîtrait le résultat des tractations au plus tard lundi matin. « Je peux vous dire ceci : vous aurez demain matin des nouvelles, dans un sens ou dans l’autre, qui seront importantes et peut-être de nature à faire bouger les marchés », a-t-il dit dimanche sur Fox News, sans autre précision.

M. Navarro a rappelé que la date butoir était fixée à dimanche soir minuit, afin de pouvoir transmettre au Congrès le texte de l’accord. Une entente entre Washington et Ottawa doit permettre au Canada de se joindre au nouvel Aléna déjà négocié entre les Etats-Unis et le Mexique.

L’Aléna, un accord trilatéral liant les États-Unis, le Mexique et le Canada depuis 1994, est une des bêtes noires du président Donald Trump, qui l’accuse d’avoir causé la perte de millions d’emplois américains, notamment dans le secteur automobile.

Concessions sur le lait ?

Le président américain a répété ses critiques contre l’Aléna samedi devant ses partisans en Virginie occidentale, soulignant que le nouvel accord conclu avec le Mexique était « un bon accord pour les deux pays ». « Nous verrons ce qui se passera avec le Canada, s’ils se joignent [à l’accord] ils doivent se montrer équitables », a lancé M. Trump, en réitérant ses vives attaques contre les taxes protégeant le secteur laitier canadien.

Selon des sources citées par les médias, Ottawa serait prêt à des concessions sur son secteur laitier si Washington acceptait l’exigence canadienne d’un maintien du mécanisme de règlement des conflits de l’Aléna (chapitre 19).

Le point le plus difficile dans les discussions du week-end a été, selon le Globe, la demande canadienne que Washington lève les droits de douane imposés sur l’acier et l’aluminium et accepte de ne pas en imposer sur l’importante industrie automobile canadienne, une menace régulièrement brandie par le président américain.

Pas de mauvais accord

Selon une source gouvernementale canadienne, Washington n’a pas cependant pas menacé Ottawa d’imposer dès lundi des droits de douane sur les automobiles produites au Canada, si un accord n’était pas conclu dimanche soir.

Plusieurs dates butoir sont déjà passées sans conclusion. Le premier ministre Justin Trudeau, tout comme Mme Freeland, a répété régulièrement que pour le Canada, pas d’accord valait mieux qu’un mauvais accord.

Le calendrier électoral complique les choses pour les négociateurs canadiens. Des concessions sur le secteur laitier seraient très mal accueillies au Québec, qui est appelé aux urnes lundi pour désigner le prochain gouvernement de la province francophone.

Les principaux partis québécois et les organisations d’agriculteurs défendent fermement le système de « gestion de l’offre », qui contrôle la production et le prix du lait et de la volaille et assure des revenus stables aux agriculteurs canadiens.