A Taëz (Yémen), le 30 septembre 2018. / AHMAD AL-BASHA / AFP

Le président américain Donald Trump a déploré, en une phrase, lors de son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies, le 25 septembre, « l’horrible, l’abominable guerre civile au Yémen », assurant que l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis « ont promis des milliards de dollars » pour aider les civils yéménites, et qu’« ils poursuivent de multiples voies » pour mettre fin, selon lui, à ce conflit.

Des formules qui risquent de ne pas convaincre le Congrès. L’implication de Washington dans cette guerre interminable y suscite une exaspération de moins en moins contenue qui fait l’objet d’un très rare consensus.

En mars, l’administration de Donald Trump, qui travaille étroitement avec Abou Dhabi et Riyad sur ce dossier, a pu se féliciter de l’échec au Sénat d’une résolution visant à mettre fin au soutien logistique apporté par les Etats-Unis à la coalition arabe en guerre contre la rébellion houtiste. Cette résolution était défendue notamment par le sénateur indépendant du Vermont, Bernie Sanders, et par le républicain Mike Lee, de l’Utah, qui campent d’ordinaire sur des positions diamétralement opposées.

Lobbying pressant

Le sénateur conservateur Todd Young (Indiana) et la démocrate Jeanne Shaheen (New Hampshire) ont eu plus de chance en parvenant à faire adopter une disposition qui oblige désormais le département d’Etat à certifier que les gouvernements d’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis mettent tout en œuvre pour mettre fin à la guerre, alléger la crise humanitaire et protéger les civils.

Après une nouvelle bavure saoudienne – le tir d’un missile de fabrication américaine contre un autobus rempli d’enfants, en août – le patron de la diplomatie américaine s’est plié à cette nouvelle exigence le 12 septembre mais sans convaincre, c’est le moins que l’on puisse dire. « La coalition n’a clairement pas atteint ces objectifs et il est évident que l’administration tente d’affaiblir délibérément la surveillance exercée par le Congrès », a déploré Jeanne Shaheen. Une exaspération d’autant plus grandissante que, selon le Wall Street Journal, la firme d’armement Raytheon exerce un lobbying pressant pour sécuriser une vente de 60 000 munitions de précision à Riyad, pour un marché estimé à 2 milliards de dollars.

En 2015, en froid avec Riyad du fait de ses négociations avec l’Iran qui allaient déboucher sur l’accord sur le nucléaire iranien conclu en juillet, l’administration de Barack Obama s’était résignée quelques mois plus tôt à apporter son soutien à l’intervention saoudienne décidée en mars sous l’impulsion du prince Mohammed Ben Salman, alors ministre de la défense. Le fils du roi Salman est devenu prince héritier deux ans plus tard.

Ce soutien est devenu totalement assumé après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. D’autant que Mohammed Ben Salman et son homologue émirati, Mohammed bin Zayed, sont devenus des proches de l’un des plus proches conseillers du président américain, son gendre, Jared Kushner. Ce dernier a justement besoin du soutien des deux princes pour le projet de règlement du conflit israélo-palestinien qu’il doit présenter dans les mois à venir.