Au cimetière du Père-Lachaise, les sépultures d’avant 1900 sont protégées. / PHILIPPE LOPEZ / AFP

Sous terre aussi, les prix parisiens explosent. Dans un rapport publié lundi 1er octobre, la chambre régionale des comptes alerte sur la saturation des cimetières de la capitale.

La Ville gère vingt cimetières : quatorze intra-muros et six dans les communes limitrophes. Si ces derniers disposent encore de plus de 20 000 emplacements, les premiers n’ont plus de places disponibles. « Cette situation s’explique en grande partie par le fait que, jusqu’en 2007, les concessions funéraires vendues aux familles y étaient toutes des concessions perpétuelles », expose le rapport.

Depuis une dizaine d’années, ce sont des concessions à durée limitée, de dix à cinquante ans, qui sont proposées dans les cimetières parisiens, mais 97 % des concessions en cours restent perpétuelles. Au cimetière du Père-Lachaise, les sépultures d’avant 1900 sont même classées et protégées.

40 % d’augmentation

Malgré la diminution de la durée des concessions, la plupart des demandes d’acquisition n’aboutissent pas. La Ville de Paris évalue ainsi à 5 000 le nombre de demandes d’acquisitions dans les cimetières parisiens intra-muros pour seulement 150 emplacements disponibles.

Conséquence de ce décalage entre l’offre et la demande : l’explosion des prix. Afin de favoriser la vente de concessions limitées dans le temps, le prix des perpétuelles a augmenté plus vite que les autres. Entre 2008 et 2017, le prix d’une concession perpétuelle à Paris est passé de 11 086 euros à 15 528 euros, soit une augmentation de 40 %, tandis que celui d’une concession de trente ans a augmenté de 14,8 % ; de dix ans, de 8 %.

Dans les communes limitrophes, ces prix augmentent aussi mais restent plus abordables. Sept mille sept cent soixante euros la concession perpétuelle à Bagneux, Saint-Ouen ou Ivry, 2 012 euros la cinquantenaire. A Pantin et Thiais, il faut débourser 3 873 euros pour une concession perpétuelle, 1 204 pour une cinquantenaire.

« Le niveau très élevé des tarifs d’achat de concessions funéraires a nécessairement pour conséquence de réserver les inhumations aux populations les plus aisées. Cette tendance est encore amplifiée par le fait que le cabinet du maire dispose en permanence d’une dizaine de places réservées », dit la chambre dans son rapport. Elle encourage la Ville de Paris à adopter « une programmation des reprises de concessions », une procédure longue de trois ans, pour « pouvoir faire face au besoin de nouveaux emplacements dans les prochaines décennies ».

Car à Paris comme dans toute la France, la population vieillit, même si le nombre de décès annuels s’y est stabilisé autour de 14 000, en deçà de l’augmentation nationale.