Quartier lointain est sans doute l’une des œuvres les plus connues du maître du manga Jirô Taniguchi. Ce diptyque, paru à compter de 1998, transportait un quadragénaire dans son adolescence. Un voyage dans le temps qui permettait au héros d’appréhender tous les événements dont il ne s’était pas rendu compte dans son enfance. Le thème du retour aux sources n’est pas rare dans le manga et offre aux auteurs qui s’y essaient la possibilité d’aborder à la fois le sentiment du regret comme celui de la douleur familiale. Souvent aussi, il extirpe les héros de la vie citadine pour les voir renouer avec la campagne de leur enfance. Trois BD asiatiques publiées récemment en France ont fait de cette thématique le pivot de leur scénario.

« Our Summer Love ». / EDITIONS TONKAM (DELCOURT)

  • Amour perdu et réussite sociale dans « Our Summer Love »

Jeune romancier à succès, Naoto est amené à retourner sur une île qu’il a habité avec ses parents plus jeune pour effectuer des repérages pour son nouvel opus. Une appréhension le gagne, lui qui n’y a pas remis les pieds pendant sept ans et y a perdu une amie chère, Mizuki, son premier amour. Et si c’était elle, le fantôme du phare, dont les jeunes parlent pour se faire peur ? La rumeur redonne une forme d’espoir à Naoto, qui renoue avec son adolescence par l’intermédiaire de la petite sœur de Mizuki, la solaire Akari. Une histoire estivale et poétique contruite comme une méthode douce pour guérir la douleur et la culpabilité, et enfin grandir.

Our Summer Love, de Takeru Furumoto, traduction de Patrick Honnoré, édition Tonkam (Delcourt), tome unique, 224 pages, 7,99 euros.

« Retour au sources ».

  • Coutumes et relation père-fils pour « Retour aux sources »

Xia, un étudiant des beaux-arts de l’université de Taipei, rentre à Daxi, un village réputé pour ses traditions folkloriques et culturelles. Il embarque avec lui une camarade de cours afin d’y étudier, le temps d’un été, les coutumes locales pour un mémoire. Le jeune homme n’a pas choisi Daxi par hasard, elle est le berceau de sa famille et de son enfance ; il a quitté le village lorsque ses parents ont divorcé. En participant aux cortèges et aux festivités, Xia retrouvera peut-être un peu de complicité avec son père, loup solitaire très attaché aux traditions.

Pour réaliser ce récit en deux volumes, l’auteure taïwanaise Zuo Hsuan s’est inspirée de sa propre expérience d’enfant de Daxi partie à la ville, comme on peut le voir dans ce petit documentaire réalisé par le pavillon taïwanais du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

Pavillon Taiwan 44ème FIBD d'Angoulême 2017 - Zuo Hsuan 左萱
Durée : 02:56

Retour aux sources, de Zuo Hsuan, traduction d’An Ning, collection Made In (Kana), série en deux tomes, 12,70 euros.

« La Fille du temple aux chats ». / EDITIONS SOLEIL (DELCOURT)

  • « La Fille du temple aux chats » : entre nouveau départ et transmission des traditions

Lycéen de 15 ans, Gen décide de quitter ses parents avec qui il est en conflit pour rejoindre sa grand-mère, gardienne de temple à la campagne. Il y retrouve une cousine éloignée, compagne de jeux d’enfance, qui aujourd’hui le trouble. Ils devront toutefois cohabiter puisque Chion vit au temple et est pressentie pour devenir la nouvelle gardienne. Le premier volume de la série pose les bases de cette nouvelle relation, des appréhensions adolescentes de Gen, mais aussi des oppositions qui peuvent exister entre jeunes des villes et jeunes des champs. Un récit « tranche de vie » qui prend le temps de s’épanouir.

La Fille du temple aux chats, de Makoto Ojiro, traduction de Florent Gorges, éditions Soleil (Delcourt), tome I, 192 pages, 7,99 euros.