Une unité d’Urban Search and Rescue (USAR, recherche et sauvetage en zone urbaine), à Palu, le 1er octobre 2018. / ANTARA FOTO / REUTERS

« On arrive à Djakarta dans quelques heures. Pour la suite, impossible de prévoir. » Thierry Velu, président du Groupe de secours catastrophe français (GSCF), s’apprête, avec trois autres sapeurs-pompiers, à épauler pendant huit jours les secours indonésiens dans la recherche de victimes après le séisme suivi du tsunami ayant frappé l’île de Célèbes, le vendredi 28 septembre.

Le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Unocha) a estimé, lundi 1er octobre, à 191 000 le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Le bilan officiel s’élevait, mardi, à plus de 1 200 morts. Un certain nombre de disparus est encore prisonnier des décombres et bâtiments effondrés de la ville de Palu et dans les campagnes entourant la métropole de 350 000 habitants, durement frappée à l’arrivée du tsunami.

« Nous emmenons plus de matériel que d’hommes, c’est ce dont ils manquent le plus », explique M. Velu. Caméra de recherche, scanner permettant de détecter des corps enterrés, géostéréophones pour repérer des vibrations de victimes tentant de se dégager des décombres… certains outils sont amenés à rester sur place, pour servir aux secours locaux une fois les sapeurs-pompiers français de retour en France. « Notre mission se fait dans l’urgence, mais aussi pour l’avenir », souligne le président du GSCF.

Comme le GSCF, cinq membres des Pompiers de l’urgence internationale (PUI) sont partis dans la nuit de lundi à mardi en direction de l’île de Célèbes. Les deux associations étaient, mardi soir, dans l’inconnu de leur déplacement sur le terrain. « C’est le plus grand obstacle pour nous dans les zones sinistrées, explique Nathalie Buisson, chargée de projet aux PUI. Après Djakarta, on ne sait pas encore comment arriver jusqu’à Palu. »

Le « sauvetage-déblaiement », une spécialité française

En période de crise, l’accès au pays ne se fait qu’avec l’autorisation officielle du gouvernement, que le GSCF a rapidement obtenue au titre d’un partenariat vieux de plus de dix ans avec les équipes de secours indonésiennes. Pour les PUI, c’est une certification délivrée par l’ONU qui a servi de passe-droit : l’Insarag, un standard international récompensant les équipes d’élite dans le « sauvetage-déblaiement », spécialité désignant le secours aux personnes dans des zones sinistrées.

La France est, depuis l’été 2017, le pays comptant le plus d’ONG et d’unités professionnelles certifiées Insarag au monde. « Depuis la seconde guerre mondiale, ces pratiques sont gravées dans notre culture, c’est historique, souligne le lieutenant-colonel Marc Dumas, officier dans les Bouches-du-Rhône et spécialiste du sauvetage-déblaiement. On nous a reconnu cette connaissance tout au long de l’histoire, et cela continue aujourd’hui avec les certifications de l’ONU. »

Maîtrise de l’anglais, procédure d’obtention de visas, capacité à mobiliser rapidement de lourds moyens humains et matériels… avec cette certification stricte, les Nations unies cherchent à créer un réseau de moyens de secours facilement mobilisables en cas de catastrophes de cette ampleur. La coopération est aussi renforcée : « plusieurs équipes indonésiennes sont venues dans notre centre pour un partage des connaissances et des exercices de simulation de catastrophe », raconte Nathalie Buisson, chargée de projet au sein des Pompiers de l’urgence internationale.

Signe de la reconnaissance des équipes françaises, une autre mission, à l’initiative d’associations, rassemblant une dizaine de sapeurs-pompiers, devrait dans les prochains jours partir de Bretagne pour l’Indonésie. Si Emmanuel Macron a fait part de « sa tristesse et sa solidarité » avec l’Indonésie, dimanche, aucune équipe de la protection civile publique n’avait, mardi soir, été dépêchée sur place.

Les dégâts du tsunami en Indonésie
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