Léo Dubois a égalisé pour l’OL mardi contre Donetsk. / JEFF PACHOUD / AFP

L’excuse était déjà certainement toute trouvée. Nul besoin du coup d’afficher l’état d’esprit nécessaire à remporter un match de haut niveau. Frappé d’un huis clos, privé de son public et mené 2-0, l’OL a longtemps été proche du ridicule mardi soir lors de la deuxième journée de la Ligue des champions.

Grâce à un sursaut d’orgueil, les Lyonnais sont finalement parvenus à égaliser et à arracher le match nul face au Shakhtar Donetsk (2-2). C’est un moindre mal. Lyon occupe tout de même la tête du groupe F avec quatre points, un point devant Manchester City et deux points devant leur adversaire du soir.

C’est un moindre mal car à Décines, la banlieue lyonnaise qui abrite le grand stade de l’OL, tout le monde s’est ennuyé pendant 70 minutes : des journalistes aux stadiers, même jusqu’aux joueurs, particulièrement ceux de l’entraîneur Bruno Génésio.

« On n’a pas le choix et on doit s’adapter »

En conférence de presse la veille du match, Nabil Fekir semblait pourtant conscient des risques liés à un huis clos : « On va essayer de faire abstraction de l’environnement. On va se concentrer sur le jeu. On n’a pas l’habitude du huis clos. Mais on n’a pas le choix et on doit s’adapter. »

Il a fallu attendre l’entrée énergique du Néerlandais Memphis Depay pour changer la face d’une rencontre qui prenait le chemin de l’humiliation. En deux minutes (70e et 72e), les buts de Moussa Dembélé et Léo Dubois ont permis aux Lyonnais d’échapper au ridicule. Mais Lyon, magnifique vainqueur de Manchester City en ouverture (2-1), laisse passer une belle chance de faire le trou sur l’équipe qui sera à coup sûr son principal concurrent à la course à la qualification aux huitièmes de finale.

Traditionnellement favorable à l’équipe hôte, normalement portée par ses supporteurs, le premier quart d’heure de la rencontre a été extrêmement poussif. Les coéquipiers du capitaine champion du monde, Nabil Fekir, qui a manqué absolument tout ce qu’il a tenté, ont semblé comme anesthésiés tout au long d’une grosse première heure de jeu.

Tribunes désespérément vides

Avant la rencontre, le DJ de l’enceinte lyonnaise n’a pas épargné la bande musicale agressive aux mille spectateurs autorisés, principalement les invités de l’UEFA, du club visiteur et les médias. Tout juste le niveau sonore était-il réduit, et pour cause, il n’y avait aucun risque d’être en concurrence avec le bruit descendu des tribunes désespérément vides. Il ne fallait pas compter sur les VIP installées en tribune pour prendre la relève de la foule habituelle. Les footballeurs professionnels ne sont plus coutumiers d’une telle atmosphère que vivent week-end après week-end les footballeurs du dimanche.

La rencontre s’est disputée à huis clos, dans un stade quasi vide. / JEFF PACHOUD / AFP

À l’entrée des joueurs, normalement saluée par une clameur, quelques journalistes, taquins ou chambreurs, ont demandé le silence, « chut, chut », avant d’applaudir. Lorsque les vingt-deux joueurs se sont salués, chaque poignée de main a résonné d’un « clac ».

Le responsable de cette punition collective, l’UEFA, n’a en rien transigé à son rituel : publicités sur les écrans géants, célèbre hymne de la compétition diffusé et bâche géante en forme de ballon secouée frénétiquement par des jeunes gens. Tout cela pour un public invisible.

Les vingt dernières minutes plus excitantes n’ont pas suffi à faire de ce match un spectacle. L’expérience, désolante, est à vivre au moins une fois pour se rendre compte de l’importance des supporteurs, trop souvent mésestimés.