Paris-plages, en juillet 2017. / THOMAS SAMSON / AFP

La menace d’un retour des voitures sur les berges de la rive droite de la Seine s’éloigne. Et celle d’un nouveau camouflet pour Anne Hidalgo avec. Lors d’une audience très attendue, le tribunal administratif de Paris doit examiner mercredi 3 octobre les recours déposés contre le nouvel arrêté pris en urgence par la Mairie de Paris en mars, après l’annulation-surprise, par le même tribunal, de la fermeture à la circulation de la voie Georges-Pompidou. Le rapporteur public les rejette tous dans ses conclusions auxquelles Le Monde a eu accès.

Neuf requêtes ont été déposées par des riverains, des commerçants, des fédérations d’automobilistes, l’Association des maires franciliens ou encore le maire (LR) du 1er arrondissement de Paris, Jean-François Legaret. Elles sont toutes rejetées au fond.

Le jugement sera rendu mi-octobre et devrait mettre un terme à un feuilleton qui dure depuis près de deux ans. Dans la très grande majorité des cas, il est en effet conforme aux conclusions du rapporteur public. Ainsi, le 21 février, le tribunal avait suivi le rapporteur en donnant cette fois raison aux mêmes requérants et en annulant l’arrêté municipal du 18 octobre 2016 créant une promenade publique. La mairie de Paris et le collectif Sauvons la piétonnisation des berges ont fait appel de cette décision. Il sera examiné le 8 octobre par le tribunal administratif et le jugement devrait être joint à celui sur le deuxième arrêté.

En première instance, le tribunal avait estimé que l’étude d’impact préalable à la fermeture des voies comportait « des inexactitudes, des omissions et des insuffisances concernant les effets du projet sur la circulation automobile, les émissions de polluants atmosphériques et les nuisances sonores ».

Deux semaines après, la maire de Paris signait un nouvel arrêté afin de pérenniser l’une des mesures les plus emblématiques et aussi les plus contestées (notamment par la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse) de son mandat. Contrairement à l’arrêté initial de 2016 retoqué par le tribunal, le nouveau texte ne fait plus référence à un quelconque objectif de « réduction des émissions de polluants atmosphériques et d’amélioration de la santé publique », le grand motif invoqué par Mme Hidalgo pour justifier la piétonnisation de ces 3,3 kilomètres de quais sur la rive droite de la Seine, qui abrite notamment tous les étés Paris-Plage.

Patrimoine mondial de l’humanité

L’arrêté du 6 mars se fonde uniquement sur des arguments patrimoniaux et touristiques. Ainsi, « l’interdiction de circulation des véhicules à moteur sur les quais bas des berges de la Seine contribue à préserver l’authenticité et l’intégrité du bien classé », stipule le texte. Il considère que la circulation « compromet également la valorisation du site à des fins esthétiques et touristiques ».

Pour défendre la piétonnisation des berges, la maire de Paris a reçu le soutien de l’Unesco. Lors des Journées du patrimoine, le 15 septembre, la première d’une série de plaques a été dévoilée sur les quais pour rappeler que le site « Paris, rives de Seine » est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité depuis 1991. Une façon de graver dans le marbre l’irréversibilité de la fermeture des voies aux voitures.