Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo à Washington, le 2 octobre. / Cliff Owen / AP

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo retourne dimanche 7 octobre en Corée du Nord pour relancer les négociations sur le désarmement nucléaire du régime reclus, dont il va rencontrer cette fois le dirigeant Kim Jong-un qui avait boudé sa dernière visite.

Ce nouveau voyage à Pyongyang s’inscrit dans une mini-tournée dans la région, a annoncé mardi sa porte-parole Heather Nauert : le secrétaire d’Etat se rendra d’abord samedi à Tokyo pour rencontrer le premier ministre Shinzo Abe, puis, après l’étape nord-coréenne, à Séoul pour s’entretenir avec le président sud-coréen Moon Jae-in. Lundi, il terminera par un passage à Pékin pour évoquer « les sujets bilatéraux, régionaux et mondiaux » avec ses « homologues », en pleine guerre commerciale doublée d’un début de crise diplomatique avec la Chine.

Le sujet central de la tournée sera toutefois la Corée du Nord, et la relance du dialogue sur sa dénucléarisation qui, malgré un rapprochement spectaculaire après une année 2017 scandée par les menaces de guerre atomique, vient de traverser une mauvaise passe.

Mike Pompeo entend également préparer un deuxième sommet, dans un futur proche, entre Donald Trump et Kim Jong-un après celui, historique, de juin à Singapour. Washington considère donc de bonne augure le fait que le secrétaire d’Etat sera reçu par le numéro un de Pyongyang. « Le fait que le ministre se rende sur place pour la quatrième fois » depuis le printemps « est le signe de nouveaux progrès et d’une certaine dynamique », a estimé Heather Nauert.

Si le département d’Etat justifie régulièrement son optimisme par des avancées qui seraient discutées en coulisses sans avoir encore été annoncées, « évidemment ces conversations vont dans la bonne direction et nous avons suffisamment confiance pour monter dans l’avion et aller continuer les discussions là-bas », a insisté la porte-parole.

Annulation de dernière minute

Initialement prévu fin août, ce voyage avait été annulé à la dernière minute sur décision du président des Etats-Unis, contraint de reconnaître, pour la première fois, l’absence de progrès suffisants dans les négociations. Et il intervient après un précédent déplacement, début juillet, au cours duquel Mike Pompeo avait été quelque peu humilié par les Nord-Coréens : non seulement il n’avait pas rencontré Kim Jong-un et n’avait pu annoncer aucune mesure sur la dénucléarisation, mais en plus Pyongyang avait dénoncé, dès son départ, ses méthodes de « gangster ».

Cette fois encore, la Corée du Nord souffle le chaud et le froid et s’est employée ces derniers jours à faire monter les enchères. A l’Assemblée générale de l’ONU où Mike Pompeo avait appelé à maintenir les sanctions internationales jusqu’à ce que la dénucléarisation soit définitive et vérifiée, son homologue nord-coréen Ri Yong-ho a estimé que cette politique aggravait la « défiance » de Pyongyang. Or « sans confiance avec les Etats-Unis, nous ne pourrons jamais désarmer unilatéralement en premier », a-t-il martelé, dénonçant les « mesures coercitives » américaines.

« Nous ne relâchons pas la pression », a répondu mardi Heather Nauert.

« Des choses hautes en couleur »

A Singapour en juin, Kim Jong-un a promis d’oeuvrer à la « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne », et c’est cet engagement vague que Mike Pompeo doit tenter de transformer en un accord avec des modalités et un calendrier précis.

Mais Pyongyang continue de demander des contreparties, sans dire publiquement lesquelles, pour avancer vers une dénucléarisation.

S’il n’est officiellement pas question d’alléger les sanctions pour l’instant, Washington semblait prêt, selon plusieurs observateurs, à accéder à une autre revendication nord-coréenne : une déclaration mettant formellement fin à la guerre de Corée, qui ne s’est achevée en 1953 que par un simple armistice.

« La fin de la guerre » ne « pourra jamais être un élément de marchandage pour obtenir la dénucléarisation », a toutefois protesté mardi l’agence officielle nord-coréenne.

Interrogée sur cette fin de non-recevoir, la porte-parole de la diplomatie américaine a taclé les pays « qui parfois disent des choses plus hautes en couleur que les Etats-Unis ». Elle n’a toutefois pas répondu à la question de savoir si Mike Pompeo était, à l’instar du très haut en couleur président Trump, « tombé amoureux » de Kim Jong-un.