Depuis près de trois ans, la capitale voit augmenter à un rythme préoccupant le phénomène des rixes entre bandes de jeunes. Pour tenter de l’enrayer, la maire de Paris, Anne Hidalgo, le procureur de la République, le préfet de police et le recteur d’académie de Paris ont lancé, mercredi 3 octobre, des états généraux sur ce phénomène à l’hôtel de ville.

La démarche vise à associer à la lutte contre ces rixes les familles, le monde associatif, l’éducation, les éducateurs de rue et les services sociaux. L’objectif de cette initiative est de présenter début 2019 une « stratégie parisienne de prévention des rixes », selon Colombe Brossel, l’adjointe au maire en charge des questions de sécurité.

Selon le procureur de Paris, François Molins, le phénomène des affrontements entre bandes dans l’espace public qui connaît une forte recrudescence à Paris depuis le début de 2016 concerne une douzaine d’arrondissements parisiens. En près de trois ans, il a provoqué la mort de sept jeunes dont quatre pour la seule année 2017.

« On est totalement dans l’irrationnel »

« Le nombre de rixes augmente. On en a dénombré, depuis qu’on a commencé à regarder le phénomène début 2016, plus de 250, précise Colombe Brossel. Ces rixes concernent tout Paris et des adolescents de plus en plus jeunes, avec une place importante pour des ados qui ont entre 13 et 15 ans. »

Les origines de cette recrudescence suscitent encore l’incompréhension relative des pouvoirs publics. « Le phénomène est extrêmement complexe, souligne François Molins. Je ne l’explique pas. Pour moi, on est totalement dans l’irrationnel. (…) On parle de bandes, mais ce sont plus des logiques de territoires, en réalité. » Selon Colombe Brossel, l’un des éléments nouveaux est le rôle des réseaux sociaux, notamment dans la préparation et l’organisation des rassemblements. « On peut avoir des rixes entre des groupes de cinq adolescents, comme on peut avoir des rixes entre des groupes de cinquante, soixante, voire quatre-vingts jeunes gens dans l’espace public », ajoute-t-elle.

Désormais, tout affrontement sera signalé aux services sociaux, avec les noms de tous les participants identifiés, auteurs ou victimes, pour permettre aux services sociaux d’intervenir et d’aider notamment des parents souvent dépassés à restaurer leur autorité, explique-t-il.