Mamadou Sakho avec le maillot de Crystal Palace, le 18 mars 2017. / GLYN KIRK / AFP

Il ne venait plus aux soirées. Deux ans et sept mois après sa dernière sélection en équipe de France, Mamadou Sakho va retrouver le château de Clairefontaine et l’équipe de France. Le défenseur central de 28 ans a été convoqué par Didier Deschamps pour affronter l’Islande, le 11 octobre en match amical, puis l’Allemagne, cinq jours plus tard, dans le cadre de la Ligue des nations. Profitant d’un heureux concours de circonstances avec les absences conjuguées de Samuel Umtiti et Adil Rami, le « titi » parisien ne va toutefois pas bouder son plaisir. Il revient de trop loin pour ça.

« Il est très attaché à l’équipe de France. Ce n’est pas lui tendre la main ou le récompenser, a justifié Didier Deschamps en révélant sa liste jeudi 4 octobre. Ça a été un joueur très important ; il est sorti de l’équipe de France par rapport à un problème que vous savez. »

Héros face à l’Ukraine

Le « problème que l’on sait » a bien failli coûter sa carrière à Mamadou Sakho. Suspendu à titre conservatoire par l’UEFA en avril 2016 pour une infraction présumée au code antidopage pour la prise d’un produit amincissant (brûleur de graisses), le défenseur de Liverpool à l’époque avait été écarté de la liste des 23 Tricolores appelés à jouer l’Euro 2016 en France. « Mamad’» avait finalement été blanchi le 8 juillet, à deux jours de la finale disputée, et perdue, par les Bleus face au Portugal.

Une sombre période pour le joueur formé au PSG car, au même moment, il perdait aussi la confiance de son entraîneur à Liverpool, Jürgen Klopp, provoquant son exil à Crystal Palace dans la banlieue sud de Londres, plus connu pour son sublime palais d’exposition que son club de football.

Mais Didier Deschamps est un homme fidèle. Il a de la mémoire aussi et sait ce qu’il doit à Mamadou Sakho. Car le défenseur aux 28 sélections a aussi inscrit deux buts avec les Bleus en 2013, un doublé improbable inscrit lors du match de barrage retour face à l’Ukraine. Ce soir-là au Stade de France, Sakho envoyait les Bleus au Mondial Brésilien de 2014 et sauvait la tête de son sélectionneur.

France-Ukraine (3-0) Qualifications Coupe Du Monde 2014 au Stade de France -RMC
Durée : 05:50

Un retour « logique » pour Deschamps

Ce n’est donc pas un hasard si le Basque l’a finalement retenu dans la liste des 11 suppléants avant l’épopée victorieuse des Bleus en Russie. « Aucune main tendue », assurait-il toutefois à l’époque, en insistant, encore et toujours, sur sa volonté de conserver un équilibre dans son groupe et donner la priorité à un joueur viscéralement attaché au maillot tricolore. Alors qu’Adrien Rabiot avait décliné, avec fracas, sa présence dans cette fameuse liste des suppléants, Sakho s’était quant à lui déclaré « très fier » et considérait cette convocation comme « une victoire ».

Ce passé et cet état d’esprit expliquent en partie pourquoi Sakho a été préféré aux jeunes Aymeric Laporte, pourtant titulaire à 24 ans à Manchester City, et Clément Lenglet, 23 ans, suppléant de Samuel Umtiti au FC Barcelone. « Mamadou a un vécu international, c’était l’opportunité de le revoir avec nous, justifie Didier Deschamps. La jeunesse n’est pas un handicap mais c’est bien d’avoir un équilibre entre les anciens et les jeunes. »

Titulaire indiscutable à Crystal Palace, sixième meilleure défense de Premier League, Mamadou Sakho réalise un bon début de saison en dépit de deux derniers matchs ratés face à Newcastle et Bournemouth. Il semble surtout débarrassé de ces menus pépins physiques, éléments perturbateurs ces deux dernières saisons. Celui qui débutait avec l’équipe de France le 17 novembre 2010, lors d’un match amical face à l’Angleterre, va de nouveau enfiler un maillot bleu qui s’est doté d’une seconde étoile depuis.