Une unité indonésienne de Search and rescue (SAR), spécialisée dans la recherche et le sauvetage, à Palu, le 5 octobre. / ADEK BERRY / AFP

Plus de mille personnes sont encore présumées disparues après le tremblement de terre suivi d’un tsunami qui a frappé l’île indonésienne de Célèbes, vendredi 28 septembre. Une semaine après la catastrophe, un bilan encore provisoire fait état de 1 500 morts, selon le porte-parole de l’armée dans la ville de Palu, particulièrement touchée.

Sur place, plusieurs ONG françaises sont venues épauler les secouristes locaux. Arrivés trois jours après les premières alertes, les sapeurs-pompiers du Groupe de secours catastrophe français — qui ont lancé un appel aux dons — livrent du matériel pour faciliter l’accès à l’eau potable de la population et aider à la recherche des disparus.

Leur président, Thierry Velu, à Palu, témoigne d’une « mission réussie », tout en se disant « frustré » de l’encadrement strict des secouristes étrangers par les autorités indonésiennes.

Lire aussi, lors du départ des ONG : Comment les secours français vont aider les victimes ?

Quelle est la situation humanitaire à Palu, où vous vous trouvez ?

Thierry Velu : C’est très disparate, la situation n’est pas la même de quartier en quartier. Dans certaines zones, on pourrait presque se dire qu’il ne s’est rien passé. Dans d’autres, la plupart des bâtiments sont détruits, les gens n’ont pas d’eau courante ni d’électricité, et sont en attente de beaucoup d’aide. Mais les secours indonésiens ne semblent pas dépassés. Ici, ils vont très vite dans leurs interventions, ils agissent par eux-mêmes, ce qui explique pourquoi ils n’ont pas fait d’appel important à l’aide internationale. Depuis vendredi, la présence des secouristes est vraiment massive.

Quelles sont vos missions sur place ?

Nous avons répondu à l’appel des secours indonésiens dès les premières heures après l’alerte de séisme et de tsunami, principalement pour leur livrer du matériel d’écoute et de recherche dans les décombres, une unité de traitement de l’eau, des trousses de secours aussi. C’est ce qu’on fait depuis une semaine, à Palu et dans d’autres villes aux alentours.

En même temps que la livraison du matériel, on les accompagne dans l’utilisation des outils auxquels ils ne sont pas habitués : quand je montre aux secouristes d’ici nos capteurs, qui nous servent à savoir s’il reste quelqu’un en dessous des décombres, leurs yeux s’écarquillent, ils ne croient pas que cela puisse fonctionner !

Je suis aussi en train de former des SAR [« Search and Rescue », unité de recherche et de sauvetage] à l’utilisation d’une unité de potabilisation de l’eau, que nous allons laisser sur place, pour que cela puisse servir en cas de nouvelle catastrophe.

Comment se passe la coopération avec les autorités indonésiennes ?

Avec les SAR, que l’on connaît depuis une dizaine d’années, il n’y a aucun problème. Ils nous ont pris en charge depuis notre descente de l’avion, à Djakarta, nous accompagnent dans tous nos déplacements, et sur ce point, la mission est une réussite.

En revanche, l’armée bloque tout. Nous sommes venus livrer du matériel, et nous ne pouvons rien faire d’autre. Pas de missions de sauvetage, pas de tentatives de recherche des survivants parmi les décombres. On est des hommes de terrain, notre esprit de sapeur-pompier prend le dessus, et c’est vrai qu’on est un petit peu frustrés de ne pas pouvoir les aider plus. Mais ils veulent faire par eux-mêmes, et c’est leur décision.

Ce qui nous surprend aussi, c’est qu’une semaine seulement après la catastrophe, il ne semble plus y avoir de recherches de survivants. Leurs priorités sont l’accès à l’alimentation, à l’eau, le déblaiement et l’enlèvement des corps, mais nos interlocuteurs ne voient pas l’intérêt de sonder à la recherche de personnes encore vivantes dans un bâtiment détruit. Ce n’est pas ce qu’on a l’habitude de voir, en France ou dans d’autres pays où nous sommes intervenus, où la recherche de survivants peut continuer jusqu’à dix jours après la catastrophe.

Notre retour à Paris est prévu dimanche. Nous sommes très fatigués. On aurait voulu faire plus en Indonésie, mais on peut dire que nous avons pu aider, dans la mesure de nos moyens.

Indonésie : pourquoi le séisme a été si meurtrier
Durée : 02:35