La sénatrice Susan Collins, le 5 octobre au sénat. / YURI GRIPAS / REUTERS

Le Sénat américain s’apprête à voter, samedi 6 octobre, sur la candidature du juge Brett Kavanaugh, candidat du président américain Donald Trump à la Cour suprême, au terme d’un processus de confirmation chaotique, marqué par des accusations d’agression sexuelle à son encontre, lorsqu’il était adolescent.

Sauf coup de théâtre, une courte majorité de sénateurs devraient valider sa nomination. A l’exception d’un élu dans chaque camp, les républicains devraient tous voter pour et les démocrates contre : vendredi, les sénateurs, chargés de donner le feu vert pour les nominations à vie au sein du temple du droit américain, ont décidé, lors d’un vote de procédure, de clore leurs débats et ont révélé par la même occasion leur décision.

Sur les quatre élus ayant jusque-là réservé leur position, trois – les républicains Jeff Flake et Susan Collins, ainsi que le démocrate Joe Manchin – ont annoncé qu’ils allaient voter pour le juge Kavanaugh.

Dans le camp présidentiel, seule Lisa Murkowski a l’intention de faire défection. « Brett Kavanaugh n’est pas le bon homme pour la Cour en ce moment », a-t-elle expliqué à la presse. Vendredi soir, elle a déclaré au Sénat : « Mon espoir est que (le juge Kavanaugh) sera un arbitre neutre (…) qu’il sera cette force de stabilité ».

Susan Collins a aussi longuement justifié son choix, soulignant que le juge Kavanaugh avait droit à « la présomption d’innocence » et qu’il n’y avait pas d’éléments corroborant les accusations contre lui. « Je ne crois pas que ces accusations puissent équitablement empêcher le juge Kavanaugh de servir à la Cour », a-t-elle ajouté.

Démocrates mobilisés

« C’est un grand jour pour l’Amérique », a déclaré sur Fox News le chef de la majorité républicaine au Sénat Mitch McConnell, considérant le vote comme acquis et félicitant ses collègues d’avoir « refusé de céder à toute cette intense pression ».

Les démocrates et défenseurs des droits civiques s’étaient mobilisés dès sa nomination en juillet pour tenter d’empêcher sa confirmation, avec notamment des campagnes médiatiques ou des manifestations, visant particulièrement les sénateurs modérés. Malgré leurs efforts, Brett Kavanaugh, était en bonne voie pour être confirmé quand une femme l’a accusé mi-septembre d’une tentative de viol remontant à une soirée entre lycéens en 1982. Cette accusation a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un pays sensibilisé à la question des violences sexuelles depuis la dénonciation du producteur Harvey Weinstein et de dizaines d’hommes de pouvoir dans le sillage du mouvement #metoo.

Manifestations devant la Cour suprême américaine, samedi 6 octobre. / CHRIS KLEPONIS / AFP

Enquête du FBI

Lors d’une audition au Sénat suivie par vingt millions d’Américains, Christine Blasey Ford, universitaire de 51 ans, s’est dite sûre « à 100 % » d’avoir été agressée par M. Kavanaugh alors qu’elle n’avait que 15 ans et lui 17. En colère, le magistrat a lui clamé son innocence et s’est dit victime d’une campagne de dénigrement orchestrée par l’extrême gauche.

Sous la pression d’élus indécis, le Sénat a alors demandé un complément d’enquête à la police fédérale (FBI), qui a rendu sa copie mercredi soir. Le rapport a conforté les républicains, qui n’y ont « rien » trouvé de compromettant, et ont immédiatement enclenché la phase finale du processus de confirmation.

Les avocats de Mme Ford ont eux estimé que ce complément d’enquête n’était pas « significatif », car il ne comprenait pas d’entretiens avec Mme Ford et avec le juge Kavanaugh.