Meng Hongwei, président d’Interpol, au siège de l’organsisation, le 4 juillet 2017, à Singapour. / ROSLAN RAHMAN / AFP

Interpol a demandé samedi 6 octobre à la Chine une clarification sur la situation de son président chinois Meng Hongwei, porté disparu depuis son départ pour son pays à la fin de septembre. Dans un communiqué posté sur Twitter, Jürgen Stock, secrétaire général de l’organisation de coopération policière internationale, dont le siège est sis à Lyon, « attend une réponse officielle des autorités chinoises quant aux inquiétudes sur le sort du président » d’Interpol.

Meng Hongwei, 64 ans, n’a plus donné de ses nouvelles depuis le 25 septembre, lorsqu’il a rejoint la Chine en avion depuis Stockholm. C’est son épouse qui a signalé sa disparition aux autorités françaises, le 4 octobre au soir. Le lendemain, une enquête pour disparition a été ouverte par le parquet de Lyon et confiée à la division criminelle de la direction interrégionale de la police judiciaire de Lyon.

Selon nos informations, il ne s’agirait pas d’une disparition classique, pour motif criminel : la piste aujourd’hui privilégiée par les enquêteurs est celle d’une mise au secret temporaire de M. Meng par les services de Pékin, dans le cadre de règlements de comptes internes au pouvoir chinois.

« La France s’interroge »

Le South China Morning Post, quotidien en anglais d’Hongkong, allait aussi dans ce sens, vendredi, en affirmant, sur la base d’une source anonyme, que Meng Hongwei était désormais « sous enquête en Chine », après avoir été emmené pour interrogatoire dès son atterrissage sur le sol chinois.

« La France s’interroge » sur cette situation, a fait savoir de son côté le ministère de l’intérieur, vendredi après-midi, se disant « préoccupé » par les « menaces dont son épouse a fait l’objet » sur les réseaux sociaux et par téléphone, en amont de son appel à la police pour signaler la disparition de son mari. Elle a depuis été placée sous protection. Interrogées par le bureau de liaison d’Interpol à Pékin, les autorités chinoises n’ont quant à elles, pour l’heure, « pas apporté de précisions, les échanges se poursuivent », a précisé la Place Beauvau.

Ce n’est pas la première fois que des personnalités de haut rang de la diaspora chinoise, en France ou dans d’autres pays, disparaissent ainsi. Le procédé est souvent le même. Les personnes sont arrêtées pendant un séjour en Chine dans le cadre de leurs affaires professionnelles ou personnelles. Elles sont ensuite privées de liberté et interrogées pendant des périodes qui peuvent s’étendre sur des mois. Avant d’être finalement relâchées de manière imprévisible, mais avec des dégâts sur leur carrière, difficiles à réparer, ou être accusées de corruption, dans un communiqué d’une seule ligne.