Leonardo Jardim, au milieu de ses joueurs, le 2 octobre à Dortmund. / Martin Meissner / AP

Le Paradigme perdu. Ce début de titre signifie peut-être quelque chose pour Leonardo Jardim, grand admirateur d’Edgard Morin. L’entraîneur portugais doit surtout, aujourd’hui, refaire de Monaco une équipe gagnante. Il y a urgence, avant la réception de Rennes pour la 9e journée du championnat de France, dimanche 7 octobre (à partir de 17 heures). Titrés en 2017, voilà les footballeurs monégasques aujourd’hui à la 18e place de Ligue 1. Déjà quatre défaites, trois matchs nuls et à peine une petite victoire.

Fragilisé après une nouvelle défaite (3-0, mercredi contre Dortmund, cette fois en Ligue des champions), mais toujours en poste à ce jour, Leonardo Jardim s’accroche pour l’instant à son Rocher. Le quadragénaire entraîne le club depuis 2014. Soit sa cinquième saison d’affilée : une éternité, dans l’univers impitoyable de la Ligue 1 et de ses ruptures de contrats. Deux entraîneurs à peine font mieux, mais en incluant un passage en deuxième division : Stéphane Moulin à Angers (depuis 2011) et Olivier Dall’Oglio à Dijon (depuis 2012).

En conférence de presse, vendredi, Leonardo Jardim s’est d’abord livré à un exercice de circonstance : l’autocritique. Comme ses joueurs, l’entraîneur s’estime « aussi responsable de cette mauvaise passe. » Et d’ajouter, avec les habituelles précautions d’usage : « Ce n’est pas pour autant que je vais jeter l’éponge, je donne le meilleur tous les jours. Mon cas n’est pas le plus important il faut rester concentré sur le club. »

Jardim a déjà prouvé à ses employeurs qu’il valait mieux lui faire confiance. En 2017, l’entraîneur offrait à Monaco son premier titre de champion depuis celui de l’an 2000, avec, en prime, une place de demi-finaliste de la Ligue des champions. Un an plus tôt, des rumeurs annonçaient pourtant son licenciement. En cause : la troisième place de Monaco en championnat et son élimination dès les barrages de Ligue des champions.

Fortune russe

Si, il y a deux ans, le club l’a finalement maintenu en fonction, c’est pour « faire le choix de la stabilité et de la continuité », selon son vice-président, Vadim Vasilyev, dans un entretien à l’Agence France-Presse (AFP). Peut-être aussi pour éviter des indemnités de licenciement, supputaient à l’époque les observateurs du championnat.

En 2016, après de multiples départs lors de la précédente intersaison (Martial, Kondogbia, Kurzawa…), le dirigeant avait alors promis à son entraîneur « une équipe plus forte ». D’où le retour de Radamel Falcao, revenu d’un prêt de Manchester United puis de Chelsea, ou le recrutement des défenseurs Benjamin Mendy et Djibril Sidibé, en provenance de Marseille et de Lille.

À l’été 2018, la fortune de Dmitry Rybolovlev, oligarque russe et propriétaire du club, a encore offert à Jardim de nouveaux joueurs. En particulier le Russe Aleksandr Golovin (ex-CSKA Moscou) et le Français Willem Geubbels (ex-Lyon) : le transfert du milieu a coûté 30 millions d’euros, celui de l’attaquant, 20 millions.

Changement de système

Reste cependant une autre réalité, plus défavorable : Monaco a beau afficher le troisième plus gros budget du championnat (215 millions d’euros cette saison, derrière Paris et Lyon), le club persiste aussi à vouloir vendre ses meilleurs joueurs dès lors qu’il peut en tirer une plus-value. Dès 2017, à peine sacré champion de France, Monaco laissait partir son joyau Kylian Mbappé (Paris). Un an plus tard, au tour de Thomas Lemar (Atlético Madrid) ou encore Fabinho (Liverpool).

Avant la saison en cours, Jardim a prévenu les journalistes du quotidien régional Nice-Matin : cette saison « pourrait être la plus difficile » de toutes, depuis sa prise de fonction à Monaco. « Nos adversaires sont plus costauds que les dernières années », d’après le technicien, qui cite surtout Lyon et Marseille, outre le Paris-Saint-Germain, favori évident.

Après huit matchs de championnat, Leonardo Jardim peut surtout déplorer le manque de réussite offensive de son équipe. L’entraîneur a déjà changé plusieurs fois de joueurs. Et même de système tactique. Face à Saint-Etienne en championnat, puis Dortmund en Ligue des champions, place à un nouveau dispositif en 3-5-2. Trois défenseurs centraux, mais surtout deux nouvelles défaites pour l’entraîneur, dont le contrat monégasque court jusqu’en 2020.