Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro, à sa sortie du bureau de vote de Rio de Janeiro, où il vient de voter, le 7 octobre. / PILAR OLIVARES / REUTERS

Jair Bolsonaro triomphe, mais n’aura pas réussi le coup de force d’une élection dès le premier tour. Le candidat de l’extrême droite brésilienne arrive dimanche 7 octobre très largement en tête de l’élection présidentielle avec 47 % des voix, selon un décompte encore provisoire du scrutin. Ces résultats communiqués dimanche soir par le tribunal électoral portent sur 87 % des votants, et ils offrent au candidat du Parti social-libéral, nostalgique déclaré de la dictature militaire de 1964 à 1985, un score bien supérieur aux derniers sondages publiés avant le scrutin.

Un second tour lui sera cependant nécessaire, et Bolsonaro affrontera alors le 28 octobre prochain le candidat du Parti des travailleurs (PT), Fernando Haddad, crédité de 27 % des voix à ce stade du dépouillement.

Le Brésil avait rarement été aussi divisé au moment d’aborder une élection, durant laquelle les 147 millions d’électeurs devaient aussi désigner les députés de la chambre basse du Congrès et renouveler les deux tiers des 81 sièges du Sénat.

La corruption au cœur du scrutin

Ancien officier âgé de 63 ans, victime d’une agression à l’arme blanche début septembre, Bolsonaro a convaincu de nombreux Brésiliens de voter pour lui par ses positions très dures contre l’insécurité et parce que sa carrière est exempte de toute accusation de corruption, tandis que le PT est, lui, impliqué dans l’un des plus vastes scandales de corruption mis au jour dans l’histoire du pays. Mais il fait aussi office de repoussoir pour une grande partie de l’électorat en raison de propos jugés homophobes ou misogynes.

Des Brésiliens s’inquiètent aussi de l’impact sur la démocratie qu’aurait l’élection de Bolsonaro: nombreux sont ceux qui ne croient pas à la promesse de campagne faite par le candidat de respecter les idéaux démocratiques. A l’inverse, une partie de l’électorat, revancharde, ne veut pas d’un retour au pouvoir du Parti des travailleurs de Lula puis de la présidente Dilma Rousseff, destituée en 2016 pour avoir maquillé les comptes publics.

« Si Dieu le veut, nous réglerons ceci aujourd’hui », a dit Bolsonaro qui s’est rendu à son bureau de vote accompagné d’une infirmière. « Nous sommes sur une trajectoire ascendante et nous avons confiance dans la volonté du peuple brésilien de s’éloigner du socialisme », a-t-il ajouté.

Haddad en mauvaise posture

Jair Bolsonaro s’est envolé pendant l’été dans les sondages en surfant sur la colère des Brésiliens contre la corruption de la classe politique et l’insécurité. Il a notamment promis d’assouplir la législation sur le contrôle des armes à feu afin que les Brésiliens puissent s’armer contre les criminels.

Entré tardivement dans la campagne, en septembre, après que la justice a confirmé l’inéligibilité de Lula, Fernando Haddad, ancien ministre de l’Education qui se décrit comme modéré, souhaite stimuler les investissements publics et abandonner toute privatisation. Mais il n’a pas réussi à créer le front anti-extrême droite que certains électeurs espéraient au soir de ce premier tour.

Près des deux tiers des électeurs vivent dans le sud du pays, où se trouvent les deux plus grandes villes brésiliennes, Sao Paulo et Rio de Janeiro, qui penchent en faveur de Jair Bolsonaro. Un quart des électeurs résident dans des zones moins développées dans le nord-est du pays, bastion historique du PT.