C’est une organisation juive, le B’nai B’rith France, qui a signalé l’affaire sur Twitter, samedi 6 octobre. « Nous demandons des sanctions contre le poste #antisémite de la@Cftc42Loire et nous nous réservons le droit de porter plainte. Ce genre de propagande nauséabonde est honteux de la part d’un syndicat@SyndicatCFTC », était-il écrit.

En lien, une capture d’écran d’un post partagé un peu plus tôt par un compte LindekIn, un réseau social professionnel, se présentant comme celui de l’union départementale du syndicat chrétien de la Loire. Ce dernier émanait d’un site, Démocratieparticipative.biz, qui se définit comme « le plus lu par les jeunes Blancs décomplexés » et propose notamment « un guide racial des villes ». Le post montrait un photomontage de Jean-Yves Abecassis, porte-parole de SOS Méditerranée, l’association d’aide aux migrants qui opère en mer avec le bateau l’Aquarius, accompagné d’une étoile jaune et titré : « Le terroriste juif Jean-Yves Abecassis, chef de l’Aquarius, exige qu’on laisse son organisation envahir l’Europe de nègres et de musulmans. »

« Propos inadmissibles »

Quelques minutes plus tard, le compte Twitter de la CTFC 42 St-Etienne répondait au B’nai B’rith France : « Liberté d’expression. Votre intolérance vous desservira. » Lundi matin, leur partage du post incriminé sur LinkedIn avait, cependant, été supprimé et un nouveau message précisait cette fois sur Twitter : « Notre compte semble avoir été piraté. »

Un rapide tour sur les différents tweets postés ces derniers mois par le compte@Cftc42Loire montre, pourtant, que ce dernier n’hésite pas, au milieu de messages à caractère syndicaux, à relayer des tweets antimigrants émanant de parlementaires du Rassemblement national (RN), de la webtélé d’extrême droite TV Libertés, d’autres du maire de Béziers élu avec le soutien du RN, Robert Ménard, ou de La Manif pour tous.

Lundi matin, la CFTC a officiellement réagi sur son compte Twitter, affirmant « déplorer les propos relayés sur les réseaux sociaux par les comptes appartenant à l’UD42 ». « Je condamne ces propos inadmissibles », a déclaré le président de la centrale syndicale, Philippe Louis, au Monde. Ce dernier assure ne pas savoir « qui est derrière ce compte ». « N’importe qui peut ouvrir un compte CFTC, précise le dirigeant syndical. On ne sait pas si ce sont des gens de la CFTC qui l’alimentent. » La confédération cherche donc à faire la lumière et affirme qu’elle « prendra des sanctions si ce n’est pas un compte piraté ». Lundi soir, la CFTC de la Loire n’avait pu être jointe.

La CFTC avait déjà été secouée, en octobre 2016, par la participation « à titre personnel » de l’un de ses vice-présidents, Joseph Thouvenel, à un défilé de La Manif pour tous, au cours duquel il s’était fait photographier devisant avec celle qui s’appelait encore Marion Maréchal-Le Pen. La confédération avait alors déclaré que les positionnements du Front national « prônant notamment l’intolérance envers des hommes et des femmes d’autres origines, amènent la CFTC à être en désaccord total avec ce parti empêchant ainsi toutes relations ». Quelques mois plus tard, son conseil confédéral adoptait « une charte d’engagement du dirigeant confédéral ».