An electrical charging post with an EDF Energy logo is pictured during trials of the UK's first plug-in Hybrid vehicle in London on September 10, 2008. A hybrid car which can be charged from a normal domestic electricity supply was launched Wednesday. The Toyota Plug-In-Hybrid-Vehicle (PHV) is powered by a combination of a battery and a standard petrol engine. Hosted by EDF Energy and Toyota Motor Corporation, the event provide's an opportunity to see the Plug-in Hybrid vehicle and electrical charging posts. AFP PHOTO/Shaun Curry (Photo by SHAUN CURRY / AFP) / SHAUN CURRY / AFP

Le premier électricien mondial ne pouvait pas rater le virage de la mobilité électrique au moment où le mouvement en faveur des véhicules propres s’accélère, notamment du côté des constructeurs automobiles. Le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, a annoncé, mercredi 10 octobre, un plan destiné à en faire l’« énergéticien leader » sur ses quatre principaux marchés (France, Royaume-Uni, Italie et Belgique) en 2022. Après le « plan solaire » (fin 2017) et le « plan stockage » (mars 2018), le groupe complète ainsi sa stratégie en faveur de la transition énergétique.

EDF s’était déjà engagé dans cette voie à travers sa filiale Sodetrel, qui gère un réseau de 200 bornes de recharge rapide (80 % du plein en vingt à trente minutes) sur les autoroutes de l’Hexagone, soit une tous les 80 kilomètres. Il a décidé de créer une division spécifique « EDF mobilité électrique ». Confiée à Yannick Duport, jusqu’à présent directeur commerce Ile-de-France, elle sera rattachée au directeur exécutif, Henri Lafontaine, patron du commerce et des services.

« Le contexte est favorable, on assiste à un mouvement général de la société, des politiques et des constructeurs, qui investissent des milliards dans le véhicule électrique. Il fallait accélérer », souligne M. Duport, qui rappelle qu’EDF a testé les premiers véhicules électriques… en 1972. Le transport est responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre en Europe, et le véhicule électrique est une des réponses majeures au défi climatique. Et de puissants concurrents, comme le français Engie et l’italien Enel, sont déjà en piste.

« Le client d’EDF pourrait être rémunéré »

EDF a plusieurs atouts : un portefeuille de 35 millions de clients sur le Vieux Continent ; un taux de satisfaction très élevé, même si le groupe continue de perdre des abonnés depuis l’ouverture à la concurrence ; et une production décarbonée à 87 % grâce au nucléaire. « En 2022, nous fournirons 600 000 véhicules électriques, soit 30 % du marché des quatre pays où nous sommes le plus implantés », indique M. Duport.

Mais, dès 2019, EDF lancera une offre commerciale intégrant fourniture de courant vert, solutions de recharge pour ceux qui ont une place de parking (et des « solutions innovantes » pour ceux qui n’en ont pas), ainsi que des services pour optimiser cette recharge et l’usage de la batterie du véhicule.

« En 2022, nous fournirons 600 000 véhicules électriques, soit 30 % du marché des quatre pays où nous sommes le plus implantés »

Le groupe a aussi l’ambition d’être, dans quatre ans, le premier exploitant de bornes électriques publiques et privées sur ses quatre « pays cœur », avec 75 000 points gérés par Sodetrel.

Enfin, il affiche sa volonté d’être le numéro un dans le « smart charging », avec l’implantation de 4 000 bornes « intelligentes » dès 2020, surtout en France et au Royaume-Uni. Avec ce système, il sera, par exemple, possible de tirer sur une batterie d’automobile garée, afin d’équilibrer le réseau en période de pointe de consommation. « Le client d’EDF pourrait être rémunéré pour cela », explique M. Duport.

« Partenariats stratégiques »

Au sein de sa division recherche et développement (R&D), EDF va créer un laboratoire dévolu à la « recharge ultrarapide ». « Mais, pour réussir, souligne M. Lévy, EDF construit un écosystème d’acteurs innovants au travers de partenariats stratégiques permettant de déployer à grande échelle les meilleures technologies. »

D’abord, des start-up présentes sur les technologies de rupture, comme l’allemande Ubricity (équipement des lampadaires publics de bornes de recharge) ou la californienne Nuvve (amélioration du « smart charging »), avec laquelle EDF devrait créer une coentreprise.

Ensuite, les constructeurs et les équipementiers automobiles. Avec Renault-Nissan, EDF fera des offres commerciales communes pour voitures électriques et testera des solutions de mobilité électrique dans les métropoles et les îles. Avec Toyota, partenaire depuis 2007, M. Duport prévoit « de nouvelles pistes de coopération » avec la R&D d’EDF dans la recharge intelligente et les stations de recharge à hydrogène. Et avec Valeo, qui coopère déjà sur les batteries.

En amont, le groupe travaille déjà sur la mobilisation des centrales et des réseaux pour la décennie 2020-2030. Un million de véhicules rechargeant leur batterie en même temps sollicite entre 1 et 2 gigawatts de puissance, soit un à deux réacteurs nucléaires. Qu’en sera-t-il avec 10 millions de voitures ?