Opération de police contre des vendeurs de faux médicaments au marché d’Adjamé, à Abidjan, en mai 2017. / ISSOUF SANOGO / AFP

Près de 400 tonnes de faux médicaments ont été saisies en deux ans en Côte d’Ivoire, dont la capitale, Abidjan, abrite le plus grand marché de produits illicites d’Afrique de l’Ouest, a annoncé, mardi 9 octobre, le ministère ivoirien de la santé. « Au cours des deux dernières années, 385 tonnes de faux médicaments, représentant pour l’industrie pharmaceutique une perte financière de 100 milliards de francs CFA [150 millions d’euros], ont été saisies », a déclaré Ablé Ekissi, inspecteur au ministère.

M. Ekissi s’exprimait lors du lancement d’une campagne de lutte contre la vente de faux médicaments initiée par le groupe pharmaceutique français Sanofi. « En Côte d’Ivoire, de 30 à 40 % des médicaments sont achetés dans la rue. Ils sont réputés peu chers, ils sont au mieux inefficaces, au pire toxiques, voire mortels pour ceux qui les consomment », a affirmé Abderrahmane Chakibi, directeur général de Sanofi pour l’Afrique subsaharienne francophone.

La campagne pour le « changement de comportement sur le danger lié à l’utilisation des médicaments de la rue » va mobiliser un camion sonorisé qui va sillonner Abidjan et trois villes de l’intérieur du pays jusqu’au 13 octobre. La France, partenaire de cette campagne, a dénoncé « un funeste commerce des faux médicaments qui continue de prospérer », près de neuf ans après l’Appel de Cotonou pour la lutte contre les faux médicaments, lancé notamment par l’ancien président Jacques Chirac.

Près de 100 000 morts par an en Afrique

« Nous n’avons pas affaire à des petits trafiquants, le trafic de faux médicaments peut être 40 fois plus lucratif que celui de la drogue et alimente de véritables réseaux de criminalité organisée », a déclaré l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Gilles Huberson, jugeant « impérative » la coopération internationale et la mobilisation des douanes et de la justice. Pour faire face au trafic, la France va « accompagner » la Côte d’Ivoire dans la création d’une autorité de régulation du médicament – une première en Afrique de l’Ouest francophone – qui sera chargée de « la traçabilité des médicaments de qualité ».

L’usage de faux médicaments entraîne près de 100 000 décès par an en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Quelque 42 % des médicaments en circulation en Afrique subsaharienne sont falsifiés, ce qui en fait la région du monde la plus touchée par ce trafic contrôlé par le crime organisé. Les criminels profitent du fait qu’à l’inverse du trafic de stupéfiants, le commerce de faux médicaments demeure largement impuni dans le monde, étant considéré comme un simple délit de violation de la propriété intellectuelle alors qu’il est responsable de centaines de milliers de morts par an, selon l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (Iracm), basé à Paris.